samedi 29 octobre 2016

Marseille, 29 octobre 1916 – Mathilde à son fils

Villa Svéa ce 29 Octobre 1916
            Mon bien aimé 

            Un triste temps d’automne, une vraie Toussaint toute imprégnée de noire mélancolie ; les feuilles tourbillonnent et jonchent le sol ; il pleut, il fait froid, et, le cœur est serré de toute cette tristesse des choses.
            Je viens d’écrire à Suzie que je différais encore mon retour, qu’elle ne m’attende pas mardi car je suis dans l’espoir d’un beau rayon de soleil que j’attends pr rechauffer mon pauvre cœur – tâche qu’il rayonne bientôt. Il me tarde maintenant de rentrer, mais ici on se réjouit tant de te voir et ton ami aura une plus belle vision du midi à Marseille qu’à Cette. Il verra aussi beaucoup de Serbes, d’Anglais et d’Anamites, ils pullulent on ne peut circuler dans les rues.
            Ce matin j’ai accompagné les enfants à l’école du Dimanche que Bruguière présidait et pr les faire marcher nous sommes revenus par la Corniche et le Prado, tu vois quelle bonne et belle course j’ai faite, il faisait encore beau temps du moins au début. Ce soir je vais entraîner Axel chez les Sylvander écœurée qu’il ait ainsi abandonné son vieil ami gâteux tjours lui si fidèle jusqu’à la maladie. Cela ne me fait pas grand plaisir de sortir, mais je le fais pour son bien.
            Je suis heureuse que tu aies pu passer ta journée de Dimanche à Amiens. Où la passes-tu aujourd’hui ? J’ai reçu ta carte de ce jour par Suzie. Ils sont bien at home. C’était hier la fête d’Hugo, je l’ai oubliée.
            Bons baisers d’une maman qui grille d’embrasser son fils.