Plélo,
5 Janvier 1916
Maman chérie
Je t’ai abandonnée ces deux derniers
jours. C’est la faute du beau temps, qui nous a permis d’aller tout le jour à
l’extérieur. De cette vie d’exercice, je ne te parle plus ; elle est si
fastidieuse. Elle l’est d’autant plus qu’on n’apprend rien à ces hommes, qui
sont soldats souvent depuis de longues années, qu’on les embête, et qu’on n’a
pas le temps de les connaître car ils restent peu de temps à la compagnie. J’ai
reçu une longue lettre de [Daniel] Loux, content de ses camarades Suisses. Il les trouve
très ouverts. [Albert] Léo aussi m’envoie un petit mot d’Arcachon où il a pu aller
passer 6 jours. Maurice Lafon me souhaite une bonne année. J’ai bien reçu tes
deux lettres du 30 et du 1er. Dis à Julia D. si tu la revois que j’aurais été très
heureux de la rencontrer. Est-elle encore pour longtemps à Cette ?
Cette fin du monde ne devait pas
être si proche puisque nous l’attendons encore.
Je t’embrasse tendrement,
Jean