Cette le 6 Mai 1917
Mon enfant chéri
Je viens de finir [mot illisible] en
lisant quelques passages à Suzie la brochure du capitaine [André] Cornet-Auquier,
j’en suis toute remuée, profondément impressionnée. C’est sublime – comme je
voudrais arriver aussi au vrai stoïcisme chrétien qu’il admire chez ses parents
et qui est pour lui le vrai réconfort….. Que c’est beau cette phrase…. Nous ne
mourons pas pour des dictatures vagues et pour des mots vides de sens, nous
mourons pour des sentiments nous mourons par amour, par affection, par
tendresse…. et cet homme n’est plus pour cette vie.
C’est dimanche, le jour consacré à la
vie de famille et c’est une journée tjours lourde pour moi. Je demande à Dieu
qu’elle te soit facile. Comme tu es laconique ! N’as-tu pas le temps de
donner quelques impressions ? N’as-tu pas le courage ? Comment est
pour toi le capitaine Guilhaumon ? Est-ce un excellent chef ? Es-tu encore
au repos pour un temps ?
Voici le soleil qui fait une
apparition après des journées, une semaine d’absence ; il pleuvait encore
très fort ce matin. J’ai été au temple puis chez Dollard. Je vais sortir toute
seulette avec Elna. Hugo a eu un petit abcès sous un oncle du pied qui l’a tenu
hier à la maison et aujourd’hui aussi sans doute.
Nous parlerons de toi toutes deux.
Elle joint tjours ses petites mains avec ferveur à l’ouï de ton nom. Une lettre
d’Alice, elle s’ennuie beaucoup et demande de tes nouvelles.
Il me semble que tu es bien dans les
honneurs mon brave chéri. Toujours choisi par tes chefs. Cela ne m’étonne pas.
N’as-tu pas eu de citation cette fois ? La mort du commandant [Rivals] a
sans doute empêché.
Tu dois être bien anxieux au sujet
de Westphal. Ne sait-on encore rien ? et [Albert] Léo ? Je vais
écrire à Melle [Léo] Viguier.
Avec toi de tout mon cœur.
Ta maman