Cette le 11/5 1917
Mon fils chéri
Tu penses combien heureuse j’ai été
de ta lettre du 6 reçue hier soir ! Je savais d’avance que tu méritais une
citation, mais je me demandais si elle te serait donnée ou serait demandée par
de nouveaux chefs qui ne connaissaient pas encore ta valeur. J’aurais aimé pr
toi qu’elle fut à l’armée. C’est la palme n’est-ce pas ? mais pour moi
cela dépasse tout ce que je peux demander. Je sais que tu as fait ton devoir
tout ton devoir et je te presse plus etroitement encore sur mon cœur. La plus
belle récompense pour moi, la plus belle palme, c’est que tu m’as été gardé.
Et maintenant je veux connaître
cette citation et si tu ne me la communiques pas je sais le moyen de te punir.
C’est de faire afficher les autres. Tu sais elles sont toutes à la mairie celle
des Cettois héroïques et c’est dur que tu restes ainsi dans l’ombre. Ne
permets-tu pas dis ?
Et ces photos ? quelle
joie ! Mais prquoi es-tu toujours si laconique ? Comment as-tu perdu
la moitié de ta tunique et comment as-tu pu laisser en route des leggins
attachés aux jambes ? Quand est prise cette photo ? Est-ce le champ
de bataille ? En quoi consiste travail pendant l’attaque ?
Et maintenant tu me laisses entendre
que vous êtes moins exposé et moins à la gloire. Mais explique-toi. J’aimerais
tout savoir. N’espères-tu pas encore une permission ?
En attendant bébé couvre de baisers
tes photos et sur l’une d’elles sa petite bouche a laissé une trace. Elle
commence à bavarder ferme essayant de répéter tout ce qui se dit, elle est trop
drôle. Ns avons un petit chat, un vrai martyr, il n’y a pas Boche plus
malheureux. Elle le trimbale partout. Hier elle s’était juchée sur l’un des
[mot illisible] de la terrasse ; elle y avait hissé le petit chat, la
chatte les avait rejoints et de là elle faisait des discours à un auditoire
imaginaire. On retrouvait des mots courants très estropiés, mais c’était
amusant.
Ns avons eu une jolie petite soirée,
toute simple bien sur. Mais Suzie recevait très gracieusement, très aimablement
elle était gentille tout plein et Hugo très affairé.
De Mostuéjouls les Szabo[1] [?]
s’informent tjours bcoup de toi. On a causé agréablement et pris [mot
illisible] thé et liqueurs et ns ns sommes couchés tard. Aujourd’hui comme tjours
cuisine lessive à rentrer promenade de bébé. Je crois que cette lettre ne
partira pas au courrier de 2 h. Tant pis, elle est si interessante et dit si
mal ce que je voudrais.
Mr [Jules] Brun sort
d’ici et a empêché ma lettre de partir. Visite peu paroissiale. Il t’envoie sa
pensée affectueuse.
Je reçois ta carte du 7. Où fais tu
de si bons sommeils. N’es-tu pas encore au danger ?
Je t’embrasse de tout mon amour.
Ta maman
As-tu
des jumelles, un revolver ?
[1] Mathilde écrit Sazbo, mais le patronyme semble plutôt être Szabo.
[1] Mathilde écrit Sazbo, mais le patronyme semble plutôt être Szabo.