20/5/1917
Maman chérie
Je viens de recevoir une bonne
lettre d’oncle Fernand [Léo], une de Mademoiselle [Léo] Viguier aussi. Elle me
donne des nouvelles de [Albert] Léo qui, parait-il a encore pas mal de fièvre.
Les journées se passent un peu longues et un peu sombres.
Source : Mémorial GenWeb |
Nous avons encore perdu ces derniers
jours[1]
un des plus chics types du régiment, [Hervé] de Parscau qui commandait une
compagnie, tout jeune et tout sympathique. Et puis, même dans le régiment, on
se sent perdu, dépaysé ; tout semble changé ; l’esprit, la valeur. Il
y a des types qu’on ne remplace pas. C’est vrai que la guerre est une sélection
à rebours, les meilleurs s’en vont. Et ce n’est pas parcequ’ils s’en vont qu’on
dit que ce sont les meilleurs, c’est parcequ’ils sont les meilleurs qu’ils sont
fauchés.
A part ça mes compagnons sont
toujours très agréables, et mes conditions de vie très privilégiées.
Je t’écris mal, maman chérie ;
tu sais combien il est difficile pendant ces periodes agitées de se receuillir
et de s’installer. Mais tu sais aussi que je reste très près de vous.
Je
t’embrasse avec toute ma tendresse.
Source : JMO du 132ème
R.I. - 20 mai 1917 |
[1] Voir lettre de Jean du 15 mai et le JMO associé.