Cette le 14/5 1917
Mon bien aimé
Hier Hugo et Suzie sont allés
promener avec Na à la petite plage et j’ai aimé le grand calme de notre vaste
maison. J’ai été bien près de toi te
remettant tjours entre les mains paternelles de notre Père.
J’ai enfin écrit à Melle [Léo]
Viguier aux Guibal qui ont perdu leur mère et j’ai eu la tristesse de ne rien
recevoir encore au courrier du soir. Enfin espérons pr aujourd’hui.
Le cœur était plus lourd par la
nouvelle du torpillage de la Medjerda[1],
on n’a pas de details encore mais Hugo le savait déjà Samedi. Vendredi a été pr
lui le jour sinistre. Il y avait des tas de permissionnaires. Pauvres enfants
sont-ils sauvés. On a entendu bien des coups de canon en mer. A Cette
pense ! moi je n’ai rien entendu mais les navires qui sont sortis le soir
ont été rappelés et sont revenus au port… des torpilleurs ont été sous doute
signalés près de la côte et de là cette cannonade. Un pauvre navire qui a du se
défendre ! Que tout cela est douloureux. Jusques à quand tant de
souffrance tant d’atroces angoisses…
La-dessus pr te faire passer sur ces
tristes impressions je devrais te raconter des traits d’Elna elle se révèle
depuis quelques jours une vraie Madeleine Drouillon [jeune cousine germaine de
Jean, fille de sa tante Elise Médard], et je t’assure que je suis peinée d’entrevoir
les mauvais moments que cette enfant aura à subir pr être menée ferme. Elle n’arrête
pas les sottises se tassent Hier comme je lui refusais les petits drapeaux sur
la cheminée, une fois moi sortie de la pièce, elle a pris une chaise (elle se
cassera un jour la tête) elle a pris les drapeaux et en a partagé un en deux
j’ai sauvé l’autre.
Ce matin, je suis arrivée à temps pr
sauver le petit chat d’une noyade. Elle l’avait fourré dans un seau plein d’eau
et l’y tenait ferme. Elle était ravie d’elle. Elle ns ereinte car c’est
continu. Avec cela un si bon petit cœur que j’espère pr plus tard.
Ah ! que je voudrais savoir où
tu es et ce que tu fais. Les cartes que tu m’adresses ne doivent pas de prendre
bcoup de temps. Tu pourrais bien m’en adresser tous les jours si c’est possible
bien sur. Un mot seulement, savoir si tu es dans le danger ou pas.
Je te quitte pr aller cuisiner et
surveiller Elna. Suzie est tjours un peu dolente. Hugo semble bien mieux.
Je t’embrasse avec toute la force de
mon immense tendresse.
Ta vieille maman
[1]
Navire servant au transport de troupes coulé à proximité des côtés espagnoles par un sous-marin allemand le
11 mai 1917 lors d’une traversée Oran-Port-Vendres.