lundi 30 octobre 2017

Willer-sur-Thur, 30 octobre 1917 – Jean à sa mère

30/10/17
            Ma chère Maman

            Hier j’ai fait une promenade sur les hauteurs, la plus belle peut-être depuis que je suis dans ce pays. Je suis parti à cheval avec le capitaine [René Ronseray de] Récopé… des arbres encore tout jaunes sur lesquels il avait neigé, puis la foret de sapins sous la neige par un soleil presque ardent. C’était un petit voyage dans l’irréel. J’ai reçu une bonne carte de Léo Viguier.
Très affectueusement à toi

J. Médard

Source : collections BDIC

dimanche 29 octobre 2017

Willer-sur-Thur, 29 octobre 1917 – Jean à sa mère

29/10/17
            Maman chérie 

            Je viens de recevoir ta lettre du 25. Je suis très peiné de la mort de tata [sic][1]. C’était la plus sympathique de la famille. Les Brun lui doivent certainement beaucoup.
            Ça devait être amusant cette prise de bec entre Suzanne et oncle Axel. « Il va un peu fort » comme on dit ici. Est-il toujours à la maison ? T’ai raconté le petit dejeuné intime d’avant-hier avec [Albert] Dartigue et [Edouard Mortier, duc] de Trévise. Deux chics types.
            Hier après-midi je n’ai pas bougé. Nous avons été tristement impressionnés par la défaite italienne, et ça n’a pas l’air fini.
Très tendrement  

Jean

[1] Le recensement de 1911 permet de savoir que « tata » était Amélie Coste (1835-1917). Elle vivait au foyer du pasteur Brun, y est qualifiée de "tante" mais sans préciser si c'est du côté de Jules Brun ou de sa femme. Une recherche dans le registre des décès à Sète confirme sa mort le 23 octobre 1917.

vendredi 27 octobre 2017

Willer-sur-Thur, 27 octobre 1917 – Jean à sa mère

27/10/17
            Ma chère Maman 

            Tu reçois toujours avec plaisir les photos qui peuvent te donner une idée de ma vie[1]. En voici deux qui represente notre home. L’intérieur ne cède en rien à l’exterieur, et tu comprends que j’aie quelques scrupules à être aussi bien alors que tant d’autres sont si mal. Je me fais l’impression d’un lacheur.
 
            L’autre est un petit groupe representant le colonel Maurel pendant qu’il remplacait le general  [Demetz, commandant de la 56ème D.I.] en permission ; à la main la cane des « Eparrrrges ». A droite le colonel Gastinel, casqué et souriant, entre les deux Quiquet, à gauche le capitaine [Louis] de Ronseray et moi.

             Ce matin je dejeune avec [Edouard Mortier, duc de] Trévise et [Albert] Dartigue chez Trévise.
            Il fait sombre et triste.
Affectueusement à toi

Jean

[1] Un des rares cas où toutes les  photos évoquées une lettre ont été conservées.

jeudi 26 octobre 2017

Octobre 1917 – Un automne en Alsace


 
 
 
 
Autrefois les combats ont été très violents sur certains sommets, en particulier sur l’Hartmannswillerkopf, qui dresse sa tête déplumée au milieu des forêts environnantes. Mais même ce secteur est redevenu calme. En auto, à cheval, à pied, je parcours en tous sens la forêt, qui prodigue toutes les splendeurs de l’automne.  
 

Mémoires de Jean Médard, 1970
(3ème partie, La guerre)

mercredi 25 octobre 2017

Willer-sur-Thur, 25 octobre 1917 – Jean à sa mère

25/10/17
            Ma chère Maman 

            Je suis très heureux que tu aies l’occasion de voir Henri Monnier. Mais il va surement te bourrer le crâne à mon sujet ; il ne faut pas le croire. C’est une déplorable habitude qu’il a.
            Il pleut, il peut [sic] ; de véritables rideaux de pluie. La température s’est beaucoup adoucie.
            J’ai reçu une carte de [Roger de] La Morinerie qui a du être reopéré et garde toujours le lit.
Tendrement à toi 

Jean

mardi 24 octobre 2017

Willer-sur-Thur, 24 octobre 1917 – Jean à sa mère

24/10/17
            Ma chère Maman 

            Je reçois rapidement ta bonne lettre du 21. Hier j’ai fait avec le colonel Gastinel une longue course en auto ds la montagne. Tout l’or et toute la pourpre de l’automne ; les sapins reposaient un moment de toute cette débauche de couleur, puis c’était de nouveau l’eblouissement des couleurs chaudes. C’était rudement beau.
            Aujourd’hui c’est un autre décor : la pluie qui arrose la vallée, tombe en neige sur la montagne et deja on peut contempler l’exquise finesse de la neige sur des forêt de sapin. J’ai un peu de cafard aujourd’hui. Je ne l’aurais pas si j’’étais chef de section. Je ne suis décidément pas à ma place, quoique tu puisses dire.
Très tendrement à toi 

Jean

lundi 23 octobre 2017

Willer-sur-Thur, 23 octobre 1917 – Jean à sa mère

23/10/17
            Ma chère Maman 

            J’ai reçu hier ta première lettre. Bien heureux de savoir que le gosse n’a rien de grave. C’était d’ailleurs à prevoir avec la mine qu’il a. Pleure-t-il toujours autant ?
            Tu seras contente, je suis allé ce matin chez le dentiste qui a commencé un traitement.  
Source : collections BDIC

Je ne bouge pas beaucoup tous ces temps-ci. J’ai reçu une carte de Maurice Lafon de Salonique, une autre de Melle [Léo] Viguier qui me dit avoir reçu la visite d’oncle Georges [Benoît].
Très tendrement 

Jean

vendredi 20 octobre 2017

Willer-sur-Thur, 20 octobre 1917 – Jean à sa mère

20/10/17
            Ma chère Maman 

            Je ne t’ai pas écrit très longuement hier ayant eu à me remettre dans le courant dès mon arrivée et la vie a repris aussi douce qu’avant ma permission, puisque le colonel Maurel n’est toujours pas là.
            Comme je te l’avais dit hier mon voyage s’est parfaitement passé. J’ai beaucoup dormi et un peu lu, j’ai déjeuné en W.R. avant Dijon. Il faisait nuit noire depuis longtemps quand je suis arrivé à B. [Belfort] où j’ai couché. Avant de prendre le tramway le lendemain matin, j’ai eu le temps d’aller voir le lion. Au terminus j’ai du attendre assez longtemps les chevaux qui devaient venir me prendre et je ne suis arrivé « at home » qu’à 3 heures. Acceuil très chaleureux. Le soir je suis allé voir [Albert] Dartigue qui faisait les installations d’hiver dans son foyer. Le froid n’est pas encore rigoureux, mais on commence à allumer les poëles. La neige a fait pendant ma permission une courte apparition sur les montagnes, mais simplement pour avertir. 
             J’ai trouvé à mon retour une nouvelle lettre de Mme Scheurer [Marie Anne Dollfus, épouse Scheurer] avec une photo de Léo tout à fait rassurante. Et voilà.
            Hier il faisait très beau, mais je n’ai pas pu sortir, étant de service. Aujourd’hui le soleil continue à être complaisant, je compte aller à Th. [Thann] au temple, et peut-être cette après-midi remonter la vallée pour savoir si Hervé Leenhardt est toujours là. Gilbert [Leenhardt] est aussi dans le voisinage, à notre sud, les deux frères ont pu dejeuner ici même ensemble il y a quelques jours.
            Un nouveau bataillon de teritoriaux qui fait partie de notre groupement est commandé par Mr Etienne de Seynes, l’oncle de mon élève[1] que j’ai beaucoup connu à Ségoussac, j’aurai certainement l’occasion de le revoir.
            Je pense beaucoup à vous. Il me tarde d’avoir des nouvelles du petit. En fait de « gosse ballon » nous avons appris hier que 4 zeppelins avaient été descendus.
            J’espère que vous avez toujours la même douceur de temperature et la même belle lumière, avec moins de moustiques toutefois.
Très tendrement à vous tous

Jean


[1] A l’été 1912, Jean avaient été précepteur du jeune Raoul de Seynes.

jeudi 19 octobre 2017

Willer-sur-Thur, 19 octobre 1917 – Jean à sa mère

20/10/17 [erreur de date, cf. la lettre du 20]
            Ma chère Maman 

            J’ai fait un excellent voyage, aussi reposant que possible. J’ai heureusement trouvé tout en ordre et en place, et j’ai repris le petit train train journalier.
            Le colonel Maurel est allé suivre un cours, et nous avons le colonel Gastinel comme patron. Personne ne s’en plaind.
            Je t’écrirai plus longuement demain, je n’ai pas le temps aujourd’hui. Il me tarde d’avoir des nouvelles du petit.
Très tendrement à vous tous

Jean

lundi 9 octobre 2017

En permission à Sète


            Cette permission a visiblement été accordée sans préavis, puisqu’elle n’est annoncée dans aucune lettre, ni d’ailleurs mentionnée dans les mémoires.
            Seules en témoignent l'interruption de la correspondance et les photos ci-dessous, datées de 1917 et qui n’ont pu être prises qu’en cet automne, puisqu’y figurent à la fois Elna et son petit frère Pierre Ekelund, né le 30 août 1917. 

 
"En permission à Cette - 1917" écrit de la main de Jean au dos de la photo.

"En permission à Cette - 1917" écrit de la main de Jean au dos de la photo.


vendredi 6 octobre 2017

Willer-sur-Thur, 6 octobre 1917 – Jean à sa mère

6/10/17
            Maman chérie 

            Je n’ai pas le temps de t’écrire longuement aujourd’hui. Je viens de recevoir ta lettre du 2.
            Hier je n’ai pas pu aller dejeuner chez Madame Lauth [Berthe Scheurer, épouse Lauth], comme je l’espérais. Je suis allé faire une visite pour m’excuser. C’est une charmante vieille dame, bonne et intelligente.
Tendrement à toi

Jean