vendredi 20 octobre 2017

Willer-sur-Thur, 20 octobre 1917 – Jean à sa mère

20/10/17
            Ma chère Maman 

            Je ne t’ai pas écrit très longuement hier ayant eu à me remettre dans le courant dès mon arrivée et la vie a repris aussi douce qu’avant ma permission, puisque le colonel Maurel n’est toujours pas là.
            Comme je te l’avais dit hier mon voyage s’est parfaitement passé. J’ai beaucoup dormi et un peu lu, j’ai déjeuné en W.R. avant Dijon. Il faisait nuit noire depuis longtemps quand je suis arrivé à B. [Belfort] où j’ai couché. Avant de prendre le tramway le lendemain matin, j’ai eu le temps d’aller voir le lion. Au terminus j’ai du attendre assez longtemps les chevaux qui devaient venir me prendre et je ne suis arrivé « at home » qu’à 3 heures. Acceuil très chaleureux. Le soir je suis allé voir [Albert] Dartigue qui faisait les installations d’hiver dans son foyer. Le froid n’est pas encore rigoureux, mais on commence à allumer les poëles. La neige a fait pendant ma permission une courte apparition sur les montagnes, mais simplement pour avertir. 
             J’ai trouvé à mon retour une nouvelle lettre de Mme Scheurer [Marie Anne Dollfus, épouse Scheurer] avec une photo de Léo tout à fait rassurante. Et voilà.
            Hier il faisait très beau, mais je n’ai pas pu sortir, étant de service. Aujourd’hui le soleil continue à être complaisant, je compte aller à Th. [Thann] au temple, et peut-être cette après-midi remonter la vallée pour savoir si Hervé Leenhardt est toujours là. Gilbert [Leenhardt] est aussi dans le voisinage, à notre sud, les deux frères ont pu dejeuner ici même ensemble il y a quelques jours.
            Un nouveau bataillon de teritoriaux qui fait partie de notre groupement est commandé par Mr Etienne de Seynes, l’oncle de mon élève[1] que j’ai beaucoup connu à Ségoussac, j’aurai certainement l’occasion de le revoir.
            Je pense beaucoup à vous. Il me tarde d’avoir des nouvelles du petit. En fait de « gosse ballon » nous avons appris hier que 4 zeppelins avaient été descendus.
            J’espère que vous avez toujours la même douceur de temperature et la même belle lumière, avec moins de moustiques toutefois.
Très tendrement à vous tous

Jean


[1] A l’été 1912, Jean avaient été précepteur du jeune Raoul de Seynes.