Cette le 20/5 1917
Mon fils chéri
Encore et toujours des trombes d’eau
à ne plus croire au soleil du midi. Cette nuit à onze heures nous nous battions
avec Hugo, des récipients partout pr recueillir l’eau qui ruisselait par les
gouttières et dire que l’on a fait tant de frais pour la propreté et pour la
beauté de la maison !
J’ai eu hier soir ta bonne carte du
14 et j’attends le retour au bureau d’Hugo à qui le facteur a donné parait-il
quelque chose à mon adresse.
Ces promenades dans le secteur sont
elles bien necessaires et bien dangereuses ? Y vas-tu par ordre ou par
propre satisfaction ? Tu ne nous a jamais dit où tu dormais. Tu sais
combien tout cela m’intéresse. As-tu
assez de repos ? Tes nouvelles attributions t’interessent-elles ? Ah
que je voudrais les voir durer dans l’avenir.
Les évènements Russes me tourmentent
bcoup. Il est de toute évidence qu’ils ont encore retardé le dénouement et que
toutes les forces de là bas sont amenées sur notre front. Pourrons-nous
continuer à les contenir si elles sont si puissantes ? J’ai reçu une
lettre de mon brave poilu [certainement son filleul de guerre, Lalouette]. Il revient d’une attaque terrible où toutes leurs
mitrailleuses ont été réduites en miettes sauf la sienne. Complimenté par son
lieutenant, il attend les évènements !! C’est un si brave à qui je suis
vraiment attachée. De son Bllon ils ne sont revenus que 243, et il
est toujours plein de courage. Ah le soldat français, quelle merveille….
Ce matin réception des catéchumènes,
Yvonne Batailler[1] était du
nombre très émue et je t’assure prtant que la cérémonie n’a pas provoqué en moi
les émotions que j’ai connues jadis. C’est froid et le sermon n’avait rien. Que
leur restera-t-il de ce beau jour ! Elle a tant besoin cependant notre
chère paroisse de recevoir des impressions qui restent, des forces qui durent.
Que Dieu supplée à l’insuffisance de l’homme.
Hugo m’a lu hier une lettre très grave
[?] en réponse à une d’oncle Axel, très digne où il refuse ses offres
d’association en lui disant le pourquoi… les difficultés à prévoir plus tard
avec ses gendres… les regrets peut-être pour Rudy d’avoir cette obligation…
enfin il refuse et je ne puis le blâmer.
Et cependant [Edouard] Houter pense
que ce sont là toutes les visées de Hugo. Axel le traitera surement
d’orgueilleux.
Il dit à son oncle, entre autres
choses, qu’il reste chez lui en reconnaissance de ce qu’il a fait pour ses
parents[2]
mais que du jour où cela n’irait plus il trouverait tjours ailleurs une
situation.
Je t’écris dans la tranquillité de
notre grande maison, le Dimanche, et cependant il faut me hâter car le soleil
timide parait et j’ai promis de promener Elna. Ns allons aller à G[fin du mot
illisible] chez les Almairac.
Mon grand aimé de fils je te serre
le plus tendrement possible sur mon cœur tout plein de toi.
Tendresses
de tous
Ta maman
Mon poilu a cherché à te voir mais il était plus loin que votre corps.
Murel [?] était au chemin des
dames au 67e.
[1] Yvonne Batailler était la petite-fille de Néri Julien et de Jeanne Jalabert, membres de la paroisse protestante et amis de Mathilde. Elle était la fille de Marie Julien, épouse du docteur Adrien Batailler.
[1] Yvonne Batailler était la petite-fille de Néri Julien et de Jeanne Jalabert, membres de la paroisse protestante et amis de Mathilde. Elle était la fille de Marie Julien, épouse du docteur Adrien Batailler.
[2]
Rappel : Hugo Ekelund, le beau-frère de Jean, avait rencontré la famille
Médard car il était un neveu d’Axel Busck, armateur suédois installé à
Marseille et époux de Fanny Benoît, la sœur de Mathilde (la mère d’Hugo était
la sœur d’Axel Busck). Par son mariage avec Suzanne Médard, Hugo Ekelund
s’était donc retrouvé neveu par alliance des Busck, en plus de l’être par le
sang.