Plélo,
11 novembre 1915
Chère Maman
Je ne t’ai pas écrit ces deux
derniers jours étant un peu malade. La piqure anti-thyphoïdique m’a donné une
assez forte fièvre. Mardi je n’ai pas quitté le lit et me suis nourri de 3 bols
de tilleul. Hier ça allait déjà mieux. Je me suis levé le soir et ai pris
quelques œufs. Aujourd’hui, c’est presque bien, je sors, mange etc mais n’ai
pas encore repris mon travail. Mes amis aspirants sont venus souvent me voir.
Le jeune part aujourd’hui pour Châtelaudren. ma propriétaire m’a soigné comme
un fils, m’apportant à manger, à boire, à me couvrir. Tous les menus soins à un
malade. J’espère que les 3 autres piqures seront moins virulentes. J’ai reçu au
lit une bonne lettre de toi et ce matin ta carte. Je viens aussi de recevoir
une bonne carte d’oncle Georges [Benoît]. Dimanche j’espère un peu voir J. [Jean] Lichtenstein, mais ne reçois rien de lui.
Je suis bien heureux que [le docteur Adrien] Batailler
soit là. J’espère que c’est pour longtemps, assez longtemps pour remettre Suzon
complètement sur pied. Suzon continue-t-elle à nourrir et la suppression du
biberon se fait-elle maintenant sans peine Batailler est plein d’excellentes
intentions à mon egard, mais ces offres ne me conviennent nullement. Est-ce que
vraiment tu accepterais de me voir embusqué ? Ton colis est arrivé ici,
mais comme j’étais au lit je n’ai pas pu aller le prendre. J’irai ce soir.
Bien à toi
Jean