Châtelaudren
27-11-15
Maman cherie
Jean au deuxième rang, debout juste derrière le troisième homme assis à partir de la gauche. |
Pour oncle Marc [Benoît] je vois à peu près quel genre de lettre il
a pu t’écrire. Ne t’en affole pas. Ne lui reproche pas d’être pour toi un zero
au pt de vue appui moral, ce serait envenimer les choses Dis-lui que tu ne
comprends pas entre frère et sœur une susceptibilité pareille., que tu étais
régulièrement tenue au courant de son état par tante Fanny et qu’avec la vie
que tu mènes depuis un an, les secousses par lesquelles tu passes, tu as
certainement le temps de penser à ceux que tu aimes, mais tu n’as pas toujours
le temps de le leur dire ; que si tu ne lui ecris pas beaucoup il te le
rend bien, et que tu n’as jamais eu l’idée de mesurer son affection au nombre
de lettres que tu reçois de lui, etc.
Tu peux lui faire un emploi de ton
temps depuis le 1er Janvier de l’année dernière. Il a peut-être
oublié que j’avais été blessé, que Suzanne a accouché, et qu’elle a été assez
malade depuis, que tu es garde-malade. Tu peux lui presenter les choses moins
aigrement que ce que je le fais ici mais tu sais que rien ne m’exaspère comme
la susceptibilité.
Bien à toi
Jean