20 juillet 15
Comme post-scriptum [le premier feuillet
manque], je viens de trouver mon [mot
illisible] de sermon de Pâques, le seul
que j’ai prononcé en Alsace et je t’ai copié ces lignes :
… Et nous qui
interrogeons la mort sans doute plus souvent que jadis, nous qui cherchons à
départager ces 2 grands royaumes mystérieux : la vie et la mort, à
comprendre leur relations et leur sens, nous tressaillons devant celui qui a su
transformer la mort en vie, à tel point que la tradition veut s’il en ait
triomphé dans son corps.
Il nous crie de croire
à la vie puisque dans la mort, il nous montre que les morts, qui se multiplient
forcément en temps de guerre, sont en réalité des germes de vie, que
l’existence physique n’est pas tout, n’est même pas l’essentiel, qu’il y a les
grands principes spirituels, sans lesquels les hommes plient comme des épis de blé
au vent. Il nous dit que là où nos yeux voient un charnier notre âme doit
percevoir une procession triomphante.
Loin donc de rester
étranger à notre crise, il réclame et lui donne un sens : « Celui qui
voudra sauver sa vie la perdra, mais celui la perdra à cause de moi, celui là
la sauvera. » parole qui avait déjà un sens en temps de paix, mais qui ne
se comprend vraiment que depuis la guerre : l’homme qui tient avant tout à
garder sa vie sauve, nous parait-il vraiment un « vivant » ?
Tandis que celui qui la donne, pour l’amour d’un être qu’il aime, un secret
instinct nous murmure qu’il reste plus vivant que les autres…