Villa de Suède le 12 Janvier 1917
Mon chéri grand !
Grande déception ce soir en rentrant
de ne pas avoir « ma lettre ». Si tu étais en première ligne je
serais bien inquiète mais vrai, je ne m’explique pas ; ta dernière lettre
date de huit jours, de Jeudi dernier 4 et ns sommes à Vendredi 12. Que se
passe-t-il ?
Ici
rien de saillant evidemment. Je suis sortie pr faire quelques courses et voir Mme
Néri [Louise Jalabert ép. Néri Julien] très préoccupée de la santé de son mari
et aussi de l’héritage de sa mère [Sophie Arjelas, ép. Ferdinand Jalabert]. (Celui
de la tienne te donnera moins de souci.) Elle n’a pu s’occuper de rien devant
rentrer en hâte pr coucher Mr Néri [Julien] qui n’a plus quitté son
lit.
J’ai appris chez elle que tante Anna
attendait demain sa nièce Suzanne Egg [née Schwebel] et ses trois enfants. Elle
a tante Berthe [Mazade, veuve Marc Benoît]. Je me demande comment elle
s’arrangera pr loger tout ce monde.
Pauvre Suzanne, j’appréhende ce
revoir.
Je vais te faire une confidence que
tu ne laisseras transpirer sous aucun prétexte. Je crois bien que tu seras, en
fin d’été, oncle pr la seconde fois ! ta sœur supporte vaillamment ces
premières misères qui en sont de vraies, mais elle a des nausées qui ne
laissent pas de doute sur son état. Elle est à plaindre de souffrir ainsi.
Hugo [Ekelund] n’en mène pas plus
large. Il a un entraxe qui commence et il est assez mal entrain.
Ns avons le déménagement qui tombe
en un mauvais moment mais à la grace de Dieu.
Qu’il te garde.
Je t’aime et t’embrasse de tout mon
cœur en te recommandant à Notre Père de toute [mot illisible].
Ta maman