29/1/17
[Sans
doute encore une erreur de date.]
Maman chérie
La correspondance semble devenir
plus régulière. Je viens de recevoir ta lettre du 24. Eh ! bien rien de
nouveau depuis le 17. Toujours le même patelin ds la vallée, toujours la même
maison inhabitée, mais occupée présentement par le commandant, le capitaine et
moi. Actuellement pourtant le commandant n’est pas là. Il suit un cours de 48
heures à Paris, non sans enthousiasme. C’est son adjudant-major le remplaçant
du capitaine Baudin, qui commande le bataillon en son absence : capitaine
Barranque-Chinanon un spécialiste de l’escrime, une des plus fines lames de
France. Il n’a rien d’un pourfendeur d’ailleurs. Homme très pacifique.
La sœur de G. [K.G. anonymisé par
l’auteur du blog] ? Pas grand-chose à en dire. Un peu prétentieuse.
Aujourd’hui dans la ville ce doit être encore une grande agitation : 2
concerts, un l’après-midi pour les militaires, un le soir pour les civils. G. doit
être dans ses petits souliers.
Sais-tu des fiançailles qui
t’amuseront ? celles de Robert Pont avec Marguerite Doumergue, une nièce
du doyen [Emile Doumergue, doyen de la faculté de théologie de Montauban]. Je
le savais depuis quelque temps, mais il ne fallait pas le dire. Je pense que
c’est officiel depuis. Léo Viguier me dit qu’elle connaissait depuis 2 ans les
photos et le catalogue des vertus de la jeune fille. Robert est en permission
et doit filer le parfait amour.
Un mot gentil de Mme
Grauss [Elisabeth Meyer, épouse Grauss].
Je suis toujours au lit. Clément ne
veut absolument pas me laisser sortir avec le temps qu’il fait. Je suis
d’ailleurs assez docile, me gargarisant et me badigeonnant consciencieusement.
J’ai reçu un mot gentil d’oncle Fernand [Leenhardt].
Et cette Na, comme elle doit vous
amuser, que Suzanne prenne des photos d’elle – sur 2 ou 3 rouleaux elle en
reussira bien une - et envoyez-m’en. Il
faut que je la reconnaisse quand je reviendrai. Quand demenagez-vous.
Je viens d’avoir la visite de
Linpens. Maintenant que la 5 fait popote seule, et qu’on a droit qu’à 1
cuisinier, c’est Ouvier, mon ordonnance qui l’aide. Il est roulant, se
désespère de ses étourderies et l’engeule comme du poisson pourri. Quand à Gauchy
(Mohamed) il est devenu brancardier.
Mille tendresses.
Jean