jeudi 21 décembre 2017

Wesserling, 21 décembre 1917 – Jean à sa mère

21/12/17
            Ma chère Maman 

            Je reçois à l’instant ta bonne lettre du 17. Vous avez bien fait de fêter sa fête à Suzon, elle le mérite bien. Je suis heureux pour lui et pour vous qu’Einar [Ekelund, frère d’Hugo] puisse venir à Cette pour Noël. Je sentirai tout particulièrement la separation ce jour là ; ma pensée et ma tendresse vous suivra.
            Pour moi la soirée de Lundi ressemblera probablement aux autres, je tacherai de m’échapper de bonne heure dans ma chambre où je me sentirai plus près de vous.
            C’est bon que Noël s’impose à nous. Ça nous force à adorer, surtout dans ce pays, qui, malgré la guerre, semble se receuillir. Aucune fête ne me rapproche de Dieu comme celle-là. L’invisible se mêle au visible, et nous fait entrevoir un avenir lointain lumineux, alors que la vision de l’avenir immédiat nous fait defaillir. Bon courage mes chéris.
            Hier après-midi j’ai pu rejoindre Henri Monnier et nous avons passé quelques heures ensemble. J’aurai l’occasion de les voir beaucoup, les 2 frères, ces jours-ci. En somme je ne les comprends bien ni l’un ni l’autre, mais l’on sent, chez Jean surtout, une vie intérieure si riche, qu’on ne les voit jamais sans profit.
Tendrement à vous tous mes chéris 

Jean