dimanche 17 décembre 2017

Wesserling, 17 décembre 1917 – Jean à sa mère

17/12/17
            Ma chère maman 

            Nous sommes nouvellement et confortablement installés dans le berceau de la famille[1].
Source : collections BDIC
            Avant-hier nous avons quitté W. [Willer-sur-Thur]. Avant ce depart j’ai obtenu la permission d’aller diner chez les Scheurer. Bonne soirée tranquille. [Albert] Dartigue qui était là aussi s’est trouvé mal, mais ça n’a pas été grave. Je suis rentré en velo jusqu’ici et ce n’est pas sans peine que j’ai trouvé de nuit la maison que je ne connaissais pas.
            Hier matin je suis allé au temple entendre [Albert] Dartigue. Le temple en question est à 50 mètres d’ici[2]. L’après-midi je suis allé voir Pomier [Maurice Pomier-Layrargues, un cousin éloigné] que j’ai fini par trouver à la nuit tombante. Il était porte fanion du general qui a pris notre place et vient de retourner maintenant dans son escadron.
Carnet de Madeleine Stamm. (Extrait de la journée du 8 juillet 1917.)
Document communiqué par Olivier Le Roy, son petit-neveu.
Collection Stamm-Binder ©
Bien que ce passage sur la visite du lieutenant Leenhardt et du porte-fanion date du 8 juillet 1917, son rapprochement avec la lettre de Jean s’impose car tout indique que ce porte-fanion anonyme était Maurice Pomier-Layrargues : d’une part, ce dernier occupe précisément cette fonction ; d’autre part, les Stamm reçoivent en même temps un Leenhardt : or les deux jeunes gens étaient très proches cousins (plusieurs fois apparentés, un véritable sac de nœuds généalogique dont le détail n’a pas place ici !).
A noter : le lieutenant Leenhardt dont Madeleine Stamm évoque ici la visite est Hervé Leenhardt (1894-1968), qui était à la 56ème D.I. depuis février 1917, et non Guy Leenhardt (1898-1962), simple chasseur juste arrivé sur le front et qui avait intégré le 49ème B.C. au tout début décembre. (Hervé et Guy Leenhardt étaient cousins germains.)

            J’ai terminé la journée par une visite aux Stamm.
            Le patron [le colonel Maurel] est d’excellente humeur.
Très tendrement  

Jean


[1] Rappel : Wesserling n’était pas « le berceau » de la famille, mais seulement une étape où André-Chrétien Leenhardt (1744-1813), ancêtre de tous les Leenhardt français, avait passé quelques années, à la fin du 18ème, comme directeur de la fabrique de « toiles peintes », avant de faire souche à Montpellier.
[2] Le QG de la division était installé au « château » de Wesserling où avait en son temps résidé, en tant que directeur de la fabrique, André-Chrétien Leenhardt. Le temple était installé dans la chapelle du parc.