Cette le 18 Avril 1917
Mon fils, mon brave, mon enfant
chéri comme il me tarde d’être encore vieille de quelques jours ! C’est la
voix coupée de sanglots que je lisais à ta sœur tantôt le récit de cette
bataille de Craonne ! A côté de l’orgueil il a aussi place pr la pitié
devant des souffrances si noblement consenties. Je te présume, je te sens
là ; et tu comprends……… je ne vis pas.
Mais je veux que tu me sentes forte
et courageuse. Je ne veux pas que tu aies à rougir de ta mère. Mon enfant
adoré ! Comme elle voudrait ta maman, te serrer dans ses bras comme quand
tu étais un tout petit. Quelquefois, je serre ainsi Elna à l’étouffer comme je
faisais de toi lorsque tu étais à moi, rien qu’à moi et qu’il n’y avait pas de
partage et je lui parle d’Oncle Jean. Où est-il ? que fait-il ? et
elle me répond « pas » et elle fait signe qu’il est loin, bien loin.
Il est dans le cœur de sa maman, tout rempli de lui…
Les journeaux nous disent que
l’intensité de l’artillerie a dépassé ce qui avait été jusqu’à ce jour ;
l’élan des troupes merveilleux, qu’est-ce à dire ? il y a eu déjà des
choses si terribles.
Oncle Axel est bien installé ici, il
a eu hier un mot de Rudy [Busck] mais vieux du 7.
J’ai aperçu Madeleine [Benoît] hier,
sa belle sœur [Yvonne Bouscaren, épouse de Lucien Benoît] et le petit Pierre
[Benoît] sont ici, mais ces dames ne viennent pas à cause de la présence
d’oncle Axel. Ns vivons très retirées en attendant les nouvelles.
Je te serre passionnément sur mon
cœur.
Ta maman