Je loge avec deux de mes camarades sur le canal, à
proximité du village dans des péniches bien plus confortables que celles
d’Haudainville. Nous occupons les cabines des mariniers qui ont dû les évacuer
depuis peu. Nous y avons des couchettes et des draps.
Le petit état-major du régiment est sympathique : le colonel [Théron] est un homme bienveillant et calme, son capitaine adjoint, Gabet, insignifiant. Je retrouve Monsieur Soula, une vieille connaissance qui dirige l’équipe de canon de 37, Deconinck, le jeune sous-lieutenant pionnier qui a été quelque temps avec moi à la 5ème dans la Somme, [Pierre] Péchenart, officier de renseignements, un jeune prêtre jovial et gai avec lequel j’aurai toujours d’excellents rapports de camaraderie, mais aucune communion spirituelle et enfin Le Gall, l’officier chargé des liaisons, un Breton fin, droit et intelligent, qui sera désormais mon meilleur ami jusqu’à son départ du régiment.
Pierre Péchenart en 1927 |
Deconinck, lui et moi nous faisons du canotage sur le
canal. Nous y ramassons de beaux poissons tués par l’explosion sous-marine
d’obus destinés aux batteries voisines. C’est un supplément à notre ordinaire
très apprécié.
Mémoires
de Jean Médard, 1970 (3ème partie : La guerre)