Cette le 16/4/1917
Mon enfant chéri
J’ai fait hier une séance d’attente
si longue chez Dollard, que je n’ai pu t’écrire en rentrant comme je me le
proposais. Je me suis occupée de Na qui rentrait d’une promenade en voiture
avec ses parents. Aujourd’hui mistral fort qui la tient au logis, où j’attends
aussi bien impatiemment la lettre espérée ! J’ai écrit un mot à oncle
Fernand [Leenhardt] pr lui exprimer ma sympathie dans ses angoisses, je l’avais
si mal fait toute à ma peine à moi et bien égoïste en ce moment. Le soir Hugo
et Suzie se sont retirés de bonne heure et moi dans ma chambre solitaire j’ai
été toute à toi te suivant, peut être dans la nuit glacée sous le bombardement
qui demeure semble t il horrible, intense mais tu n’es jamais seul
n’est-ce-pas ?
Je n’ai pas fini de te conter ma
course rapide à Montpellier. J’ai été chercher les livres qui ne sont pas
encore reliés !!! manqué Bourguet. fait visite aux Herrmann qui se sont
bcoup informés de toi. Il y avait chez eux deux mamans peinées comme moi, l’une
Mélie avait un de ses fils dans une grotte champignonnière aux environs de
Soissons. C’est tout comme celle que tu viens de quitter n’est ce pas ? Ce
jeune homme a été à Salonique et dit qu’il n’y a pas de comparaison avec le
front français qui est pourtant bien mouvementé en ce moment. Les braves
Anglais font aussi de la bonne besogne elle doit coûter cher.
Hugo souffre de violents maux de tête
qui impressionnent Suzie. Je les ai décidé à aller voir [Georges] Rauzier [professeur à la faculté de médecine de Montpellier] ou tout autre à
Montpellier. Il doit avoir besoin d’un peu de repos de tête, qu’un docteur
ordonnera sans doute et alors ils partiront tous deux, mais aux beaux jours et
quand Hugo aura formé son Norvégien qui n’est pas encore arrivé. Ns attendons
oncle Axel [Busck]demain.
Je me hâte tjours en retard pr
expédier ma lettre que je dois aller porter à la gare. Je dirai aussi adieu à
S. [Suzanne] Egg qui repart à 2 h 40.
Mon bien aimé que Dieu soit près de
toi. Ta maman ne te quitte pas un seul instant et t’embrasse de toute son âme.
Math P Médard
Tjours tendresses de la maisonnée.