Pierre Benoît |
Pierre devait
mourir à son tour un mois plus tard dans un hôpital de Gérardmer, où sa mère et
ses sœurs étaient venues le rejoindre. La mort de ces deux cousins [Pierre Benoît et Maurice Beau], auxquels
j’étais très attaché, celle de tant d’autres, le souvenir des heures très dures
passées aux Eparges et à l’hôpital, tout cela pèse sur moi. J’aime la vie et je
vais avoir à affronter de nouveau les menaces précises et renouvelées de la
mort. Pourtant je ne supporterai pas longtemps la vie de l’arrière, où l’on ne
parle décidemment pas le même langage
que nous, où l’on ne comprend pas, où l’on s’installe dans l’existence
comme s’il n’y avait pas la guerre. Je relis souvent Job dont les protestations
et les questions angoissées correspondent assez bien à mon état spirituel.
Mémoires
de Jean Médard, 1970
(3ème partie : La guerre)