mardi 18 avril 2017

Sète, 18 avril 1917 – Mathilde à son fils

Cette le 18 Avril 1917

            Mon fils, mon brave, mon enfant chéri comme il me tarde d’être encore vieille de quelques jours ! C’est la voix coupée de sanglots que je lisais à ta sœur tantôt le récit de cette bataille de Craonne ! A côté de l’orgueil il a aussi place pr la pitié devant des souffrances si noblement consenties. Je te présume, je te sens là ; et tu comprends……… je ne vis pas.
            Mais je veux que tu me sentes forte et courageuse. Je ne veux pas que tu aies à rougir de ta mère. Mon enfant adoré ! Comme elle voudrait ta maman, te serrer dans ses bras comme quand tu étais un tout petit. Quelquefois, je serre ainsi Elna à l’étouffer comme je faisais de toi lorsque tu étais à moi, rien qu’à moi et qu’il n’y avait pas de partage et je lui parle d’Oncle Jean. Où est-il ? que fait-il ? et elle me répond « pas » et elle fait signe qu’il est loin, bien loin. Il est dans le cœur de sa maman, tout rempli de lui…
            Les journeaux nous disent que l’intensité de l’artillerie a dépassé ce qui avait été jusqu’à ce jour ; l’élan des troupes merveilleux, qu’est-ce à dire ? il y a eu déjà des choses si terribles.
            Oncle Axel est bien installé ici, il a eu hier un mot de Rudy [Busck] mais vieux du 7.
            J’ai aperçu Madeleine [Benoît] hier, sa belle sœur [Yvonne Bouscaren, épouse de Lucien Benoît] et le petit Pierre [Benoît] sont ici, mais ces dames ne viennent pas à cause de la présence d’oncle Axel. Ns vivons très retirées en attendant les nouvelles.
            Je te serre passionnément sur mon cœur. 

Ta maman