lundi 7 novembre 2016

Marseille, 7 novembre 1916 – Mathilde à son fils

Villa Svéa ce 7 Novembre 1916
            Mon cher enfant 

            Je suis infidèle, mais, je me console en pensant que mes lettres te manquent moins entouré comme tu l’es par tant d’amis.
            Hier je n’ai pas écrit, parce que je suis allée passer l’après-midi ou une partie tout au moins avec Mme Gétaz, bien charmante femme admirable de force et d’énergie. Elle m’a lu ta lettre et elle désire ardemment te voir, apprendre par toi ce que tu te rappelles des conversations avec son fils. Elle sent que la guerre, la souffrance ont révélé l’homme avec l’idéal qu’elle souhaitait qu’il eu ; elle l’avait laissé un enfant et veut tout connaître de l’homme.
            Son mari a voulu l’entrainer sur la cote d’azur ; elle est partie ce matin je dois la prévenir de ta venue si elle ne peut rentrer à Marseille pour te voir, elle viendra à Cette.
            Elle veut surtout connaître celui qui a été l’ami de son fils et elle croit que tu as eu sur lui une réelle influence.
            Moi, je ne puis croire que je vais peut être pouvoir embrasser le bien aimé de mon âme, et je n’ose me laisser aller à l’idée de ce bonheur pr ne pas être trop anéantie si cela ne peut être.
            Je suis encore ici au milieu d un hôpital. Eliane [Houter, une petite-nièce] est très malade bien qu’il y ait une légère amélioration. Je la garderai cette nuit. Je t’attends et t’espère ici.
            Je sens que l’on m’attend impatiemment à Cette, il me tarde d’y arriver avec toi.
            Je t’embrasse de tout mon cœur.

Ta mère