jeudi 3 novembre 2016

Front de Somme, 3 novembre 1916 – Jean à sa mère

3-11-16
            Maman cherie, 

            J’ai reçu hier soir tes bonnes lettres des 27, 28, 29. Ne te fais donc aucun souci maintenant que je suis loin du danger ; le froid et la pluie sont des maux bien facile à combattre ici et ne nous font jamais souffrir.
            Je ne sais que dire au sujet de ton depart de Marseille. J’espère bien partir en permission entre le 7 et le 10, mais ça n’est pas sur du tout. Prends ton parti de ne jamais me faire rentrer ds tes projets, car jamais je ne puis en faire moi-même, même pour le lendemain.
Source : collections BDIC
            Tu le sais par mes précédentes lettres, ce n’est plus aux mitrailleurs que l’on m’a attaché mais au canon de 37 ; ceci ne veut pas dire d’ailleurs que j’aurai à m’occuper de cela au retour au régiment. On tient simplement à instruire le plus d’officiers possibles ds le + grand nombre possible de spécialités, et l’on a raison. Je ne regrette plus du tout le repos plus complet du regiment depuis que je passe aussi agreablement mes dimanches et jours de fête.
            Mlle [Léo] Viguier avait chez elle un brave cousin de son père, de passage à Paris que qui descendait chez elle ; mais elle a pu se debarasser de « Baptiston » et nous avons passé une très bonne journée de promenades et de bavardage.
            J’aimerais tant que Suzon trouve ce qu’elle désire !
            Je comprends que cette idée de la longueur de la guerre t’assombrisse ; moi aussi, quand j’y pense ; mais il faut ne pas y penser.  A chaque jour suffit sa peine, il ne faut pas se laisser écraser par les angoisses de l’avenir.
Tendrement à vous toutes

Jean