Chambery, 2 Juin 1915
Maman cherie
Voilà la 2e lettre que je t’écris
de la journée. Celle-ci pour repondre à ta bonne lettre du 31. Si tu arrives à
10 heures du soir, ou de nuit, descend à l’hotel Terminus. Le lendemain matin
tu viendras à l’hopital, Mme Depuiboube t’y retrouverais, te
montrerais ta chambre et tu y porterais ou y ferais porter ta valise ds le
courant de la journée. Si tu arrives de jour et si je sais à temps l’heure de
ton arrivée Mme Depuiboube sera à la gare. Si elle n y était pas pour
une raison quelconque tu laisserais tes bagages au depot et viendrais à l’hopital
où ns ns debrouillerons. Ta chambre te reviendra si tu le veux bien à 1 fr. par
jour puisque le jeune h à qui tu sous-loue paye les 3 pièces 36 frs par mois.
Tu pourras t’arranger très économiquement.
Quelques mots sur la famille Depuiboube. Le
mari est commandant à la guerre [Louis Depuiboube, mort pour la France le 6 octobre 1915]. Elle, est comme tu le vois très gentille,
très devouée ; seulement un peu morose, desanchantée, pessimiste et
surtout (il faut savoir cela pour eviter de gaffer) + ou – d’origine allemande.
Mais je le repète cœur d’or, ne pensant qu’à rendre service. A la gare tu la
reconnaitras facilement : figure un peu rouge, blonde, forte, 45 à 50 ans.
Elle a une fille très intellectuelle faisant ses etudes de sciences.
Bien tendrement et à bientôt la joie de ce
revoir.
Jean