Chambery, 2 Juin 1915
Maman cherie
Tout est pret pour ton arrivée. Mme Depuiboube
t’a trouvé une chambre tout près de l’hopital, et tu n’auras qu’à donner ce que
tu voudras au type à qui tu la sous-loue.
Elle te prendra chez elle pour les repas. Si
tu peux nous donner à l’avance l’heure et le jour de ton arrivée, elle viendra
te prendre à la gare.
Ce qui est ennuyeux c’est que la même toux
que celle de Verdun me reprend. Et le major après auscultation sérieuse et vu
des crachats trouve des traces d’infection sans gravité mais qui m’enchaînent
pour longtemps au lit et exigent de grands ménagements. Ce qui m’étonnait
toujours à Verdun c’est que mon major de l’hop. y traitait cette toux de
laryngite, alors que je sentais que les granulations venaient de profond, que
leur gout etrange m’écœurait et leur couleur de pus m’étonnait. Tu vois qu’il y
a encore bien des petites misères avant la guérison, mais l’idée de ton arrivée
me fait oublier ces petites misères et vraiment je ne pense plus qu’à la joie
du revoir.
A bientôt cette joie
Jean