Cette
le 7 janvier 1915
Mon chéri bien aimé
Tu seras ainsi longtemps sans
nouvelles, mais n’ayant pas écrit du commencement de la semaine j’ai craint que
ma lettre ne te trouve plus à Pont et je ne me suis décidée que hier à t’y
adresser ce mot que tu n’auras pas. Hier soir de retour au logis j’ai trouvé
tes deux cartes [ces deux cartes manquent] et je passe sur la nuit que j’ai passée. Tu sais que je me
berçais malgré toi de l’illusion que tu serais encore là quelque temps pour
instruire la nouvelle classe et la réalité brutale me laisse aujourd’hui toute
anéantie.
Il faut cependant être une mère dont
tu n’aies pas à rougir et je demande à Dieu cette force que je n’ai pas. Je
suis reconnaissante de ce qu’il m’a accordé et je le bénis de me donner un fils
tel que je l’ai souhaité et désiré tel que son père le voyait en rêve. Il
serait content de toi mon chéri et c’est là, pour moi, une grande douceur.
Je t’attends donc Samedi ; nous
prendrons ensemble quelques dispositions. J’écris à tante Fanny pour qu’elle
t’adresse au plus vite son colis. Je serais bien étonnée qu’en cas de prochain
départ, on ne t’accorde pas quelques jours de congé ; c’est prtant une
mesure générale.
Ns sommes tjours chez Suzie qui
murit son rhume au coin du feu. J’espère qu’elle pourra se transporter chez
nous Samedi ou je désire que nous soyons avec toi réunis. Car la maison, c’est
toujours la maison….
Je ne vais à l’Hopital que le matin,
en ce moment et je demeure à travailler le soir auprès de Suzie. Je vais aussi
en ville lui faire quelques courses. Mais aujourd’hui je n’ai pas de courage.
Je suis vraiment heureuse que tu te trouves si bien à Avignon. Je te disais
dans ma lettre d’avant-hier combien
j’avais été satisfaite et contente de ta nomination là.
Si tu as quelques jours devant toi,
tu pourrais aller voir les Pouget à Arneux [?]. La marche ne t’effraie pas et je crois que
ce n’est pas très loin.
Au revoir mon Jean chéri je
t’embrasse bien fort.
Ta mère qui t’aime plus que le fils le plus aimé
Math P Médard