Cette
le 4 janvier 1915
Mon cher enfant
J’ai trouvé ta dépêche en passant
ici, retour de l’Hopital en me rendant chez Suzie chez qui ns allons prendre
nos repas parce qu’elle est au lit avec la grippe et j’ai été bien bien
heureuse.
Je pense que tu es aussi très
satisfait car Avignon n’est guère éloigné. Evidemment Nîmes ou Montpellier
eussent été mieux venus pr nos exigences personnelles mais on ne peut
être trop difficiles dans les temps où ns vivons. Et je garde l’espoir de te
voir souvent. Je ne peux rien te dire ne connaissant rien des circonstances
dans lesquelles tu te trouves et j’attends impatiemment force détails. Avignon
est une fort jolie ville ou j’ai passé cependant de mortelles heures en me
rendant à Pt Didier.
Je suis navrée que tu n’aies rien
reçu de moi depuis ton retour à Pont. Je ne sais pourquoi ! Samedi je trayais
[?]
du vin. Dimanche Suzie avait invité à
prendre le thé les Benoît, les Pont, Karine et j’ai été prise tout le jour. Ns
avons déjà dejeuné à la villa à cause de son rhume qui s’accentuait déjà. Et Lundi je suis allée à
Montpellier. J’ai regretté là d’avoir écrit à Pastoureau[1],
(je l’ai fait Dimanche) car Eugène [Leenhardt] m’a dit que l’on ne devait rien demander ce moment ci que l’on devait
tout accepter – car si 1 500 000 hommes demandaient chacun quelque
chose, les dirigeants auraient fort à faire. Enfin je vais écrire pr m’excuser.
Je suis si contente que tu n’ailles ni en Corse, ni à Privat, ni dans les Htes
Alpes !
Alice, Jacques et Marguerite
Herrmann devant leur maison à Montpellier |
J’ai vu les Jacques Herrmann[2]
à Montpellier. Ils m’ont félicitée de ta nomination mais Jacques est très
pénétré à l’idée des responsabilités qu’on vs donne à vs jeunes officiers qui
savez à peine faire un soldat ! Que faire ! A la grâce de Dieu.
Oncle Eugène dit que tu as eu jusque
là bcoup de chance et que rien ne dit que tu ne sois pas appelé à demeurer là
pr instruire les nouvelles classes.
Pierre [Benoît] m’a écrit pr insister afin que tu
ailles dans son regiment. Il a annoncé ta venue possible au commandant qui
t’attend et lui te sentirait en sécurité près de lui si tu étais blessé. Rien à
faire donc et je vais le lui écrire.
J’ai bien sommeil et je te quitte
tjours en pensant à toi comme durant tt le jour mon bien cheri.
Ta mère affectionnée
Math P Médard
Je ne sais si ces lignes te
parviendront. Iras-tu pas déjà loin de Pont ? Je pense à ton petit ami qui
va être désolé.
[1] André Pastoureau de Labesse, cousin germain par alliance de Mathilde, colonel d’artillerie.
[2] Jacques
Herrmann et sa femme Marguerite Germain : futurs beaux-parents de Jean,
qui épousera Alice Herrmann en août
1919. Jacques Herrmann et Mathilde étaient amis d’enfance.