samedi 14 février 2015

Avignon, 14 février 1915 – Jean à sa mère

Avignon Lundi 14 Fevrier 1915
 
          Maman cherie 

          Excellent voyage.
         Jusqu’à Montpellier, lecture de la substantielle brochure de Bois[1], puis sommeil jusqu’à Tarascon. Là j’ai trouvé le ss-lieutenant Hervé Leenhardt[2] et les langues ont marché bon train jusqu’à Avignon. Il revenait de Montpellier et rentrait à Valence. Il m’a confirmé la mort de [René] Cabrol, qui est un volontaire.
Lettre communiquée par Cyril Leenhardt
petit-neveu d'Hervé Leenhardt.
            Ici, rien de nouveau. Pourtant le lieutenant est malade et je suis le grand maître. Ce matin j’ai puni un homme qui avait pissé ds un crachoir. (Tu vois que je te donne des détails)
            Cette après-midi ns rentrons d’une longue marche que mes bleus ont supporté assez vaillamment malgré le chargement complet de leur sac.
            J’aurai à partir de demain une chambre que je partagerai avec le sergent major suplémentaire de la Cie, qui ds le civil est un curé. C’est très amusant. Il a l’air d’avoir un excellent caractère et nous ferons bon menage.
            Que c’est bon ces journées de foyer ; comme on aimerait en avoir davantage, mais quel privilège d’avoir ça.
            Adieu, maman cherie, je t’embrasse, je vous embrasse tous de tout mon cœur.

Jean


[1] Henri Bois. Théologien, professeur à la faculté de théologie de Montauban.
[2] Cousin issu de germain de Jean. Tous les Leenhardt lui sont apparentés, sa grand-mère maternelle étant Caroline Leenhardt, petite-fille d’André-Chrétien, l’ancêtre de la branche française des Leenhardt.