Villa
Svéa ce 4 Octobre 1916
Mon enfant chéri
Je vis dans l’attente du courrier et
ce soir je n’ai pas été déçue. Je viens de recevoir ta lettre du 29 et ta carte
du 30. Ce sont de poignantes émotions que l’arrivée de ces missives fiévreusement
attendues. Mais des émotions bénies de cœur s’élève un hymne de reconnaissance
bien ardent.
Oh ! mon Jean que Dieu est un
bon père qui aime et garde son enfant bien aimé – les bénédictions infinies
devraient me donner grand courage, mais lorsque je reçois ces chères lettres si
ardemment attendues, je me dis avec un horriblement serrement de cœur qu’à
cette heure tu peux être blessé ! Mais sera-ce bien long ce temps et ne
serez-vous pas relevés ? Mon bien aimé tu vois partir, heureusement
blessés pr la plupart tes camarades et au repos tu vas te trouver bien seul.
Gétaz te manque beaucoup. Je n’ai pas été chez sa mère. J’attends angoissée
qu’elle exprime le désir de me voir.
Annie [Busck épouse
Houter] est rentrée, je pourrais
maintenant partir, mais je n’ose pas craignant que ce changement amène du
retard dans mon courrier.
J’ai [mot illisible] hier partir pour toi un paquet. Comme il me
tarde de savoir si tu as reçu ton manteau.
Ne souffres-tu pas de
l’humidité ? du froid ? tu n’as plus de vêtements de laine et cela me
tourmente aussi.
Mon grand chéri, je t’assure que je
ne vis qu’avec toi. Rien en dehors ne compte surtout depuis que tante Fanny va
mieux. Elle t’envoie des tendresses sans fin et je t’assure qu’elle partage
toutes mes angoisses. On est bien affectueux pr moi.
Assez mauvais temps.
Je t’envoie d’infinies tendresses.
Ta maman