dimanche 2 octobre 2016

Marseille, 2 octobre 1916 – Mathilde à son fils

Villa Svéa ce 2 Octobre 1916
            Mon grand aimé 

            On apporte le courrier, je suis au chevet de tante Fanny et le cœur bien tremblant bien que je le désire fort et on m’apporte une lettre de toi et une carte des 27 et 28 !
            Je suis tellement émue, brisée, que je ne peux lire. Je me jette a genoux et remercie Dieu du font de l’âme encore une délivrance dont je ne puis assez le bénir. Oh ! si tu savais combien je suis reconnaissante ! Mais hélas tu m’apprends la mort de Gétaz si tu savais l’effet que cela me produit et j’attends sa mère d’un moment à l’autre, sûrement elle viendra me rendre ma visite.
            Je n’ai point de courage pr lui dire. Je vais aller chez Mr Bruguière [pasteur de Marseille]. Je ne pourrai supporter la vue de sa douleur. Un brave garçon, une nature si sympathique. Je vs ai tjours tous deux devant les yeux ! Mon grand mon tendrement aimé, je t’aime oh ! si tu savais comme je t’aime !
            Je ne sais ce que je dis et m’arrête pr ne pas deraisonner. Il faut vite que j’écrive à Suzie que j’aille en ville car je veux t’envoyer un paquet. Car je t’ai négligé ne sachant pas que tu pouvais les recevoir. As-tu reçu le manteau de caoutchouc ? Quand reviens-tu de la 1ère ligne.
            Mon pauvre enfant combien cette mort d’un ami a du t’impressionner. Que Dieu t’aide et te soutienne. Qu’il fortifie ton cœur et ton âme.
            Je t’envoie mes caresses infinies. Je te couvre de caresses. 

Ta mère affectionnée
Math P. Médard