samedi 1 octobre 2016

Front de Somme, 1er octobre 1916 – Jean à sa mère

1-10-16
            Maman cherie, 

            Un des privilèges de ce secteur c’est le ravitaillement. Ravitaillement en vivres, à peu près convenable, et ravitaillement en nouvelles. Presque chaque jour je reçois ta lettre. Je viens de recevoir celle du 26. Tu dois être bien heureuse de te sentir utile auprès de tante Fanny. Dis lui que je pense bien à elle. Merci d’avance pour l’argent que tu m’annonces de sa part. Merci aussi du bout de lettre de Mlle [Léo] Viguier. Je viens d’en recevoir une d’elle-même. Elle ne m’avait pas ecrit depuis longtemps, elle a vu [Charles] Grauss, H. Monnier, [Paul] Galley. Mme [Suzanne] Monnier vient aussi de m’adresser une gentille carte de Suisse.
            C’est vrai que j’ai oublié de mettre dans mes lettres les photos annoncées. Ce sera, il faut l’esperer pour dans quelques jours.
            Ici toujours la même vie. Les heures sont un peu longues.
            Reparlons de [Edouard] Gétaz. Il est mort sans souffrance dans sa tranchée d’un éclat d’obus en plein front. Son corps a pu être ramené un peu en arrière et enterré. Il sera donc facile à retrouver, lorsque cette zone sera libérée des marmites. Je m’habitue difficilement à l’idée que je ne le retrouverai plus.
Infinies tendresses. 

Jean