Le 9 [octobre] nous
remontons en première ligne. Le secteur est toujours agité, mais, par bonheur,
nous avons peu de pertes. Il s’agit d’organiser nos positions. En un point
elles sont à peine à douze ou quinze mètres des tranchées ennemies. Il nous
faut installer de nuit dans le plus grand silence en avant de nos tranchées des
fils de fer barbelés.
Un soir pour
diriger le travail je me glisse entre les deux lignes et comme je saute dans le
trou d’obus je me trouve nez à nez avec un homme coiffé de ces bérets allemands
qui étaient alors pour eux l’équivalent de nos bonnets de police. Heureusement
nous sommes assez proches l’un de l’autre pour nous reconnaître avant d’avoir à
esquisser un geste meurtrier. C’est un caporal de la compagnie, en observation
comme moi, qui s’est affublé bêtement de cette coiffure. Nous en sommes quittes
pour la peur.
Mémoires
de Jean Médard, 1970
(3ème partie : La guerre)