Villa de Suède ce 27 février 1917
Mon fils aimé
Es-tu arrivé à destination ? et
qu’y fais-tu ? Je n’ai plus eu de nouvelles depuis celles de Dimanche et
pendant tes pérégrinations, nous continuons à vivre paisiblement. Nous du
moins, sinon Hugo. Oncle Axel [Busck] est arrivé ici Dimanche soir ; il
est descendu à l’hôtel et prend avec nous seulement les repas de midi. Il est
venu prêter main forte à Hugo qui est sur les dents. Comme je l’accompagnais à
la porte tout-à-l’heure, il m’a avoué que Hugo faisait son admiration, qu’il
était organisé d’une façon merveilleuse. Je m’incline devant lui a-t-il ajouté,
il est plus fort que moi. Si cela l’incitait à lui faire une belle situation,
stable. Des cadeaux, c’est bien, mais du sur, régulier serait mieux encore.
Na a mal aux yeux. L’irritation
s’étant accentuée aujourd’hui, Suzie prend peur et part chercher le docteur
c’est prquoi je me hâte afin de lui donner mon message. Alice est partie hier
pr Montagnac ; elle trainait depuis des semaines et a voulu un repos
complet. Cela tombe toujours mal car nous allons bien pouvoir déménager. La
petite bonne fait merveille, néanmoins des tas de choses nous incombent. Suzie
très occupée comme infirmière à panser matin et soir son mari, Mr
Pont et maintenant Elna.
En tirant l’aiguille, je songe sans
trêve au fils chéri que j’aime au-delà de ce qui est humain et que je prie Dieu
de garder de tout mal, de conserver à ma tendresse.
Je t’embrasse du plus profond de mon
cœur.
Math P Médard