lundi 6 février 2017

Début février 1917 – Une chambre chez l’habitant


C’est dans la région où nous arrivons que sont intervenues les troupes de Gallieni au moment de la bataille de la Marne. D’innombrables tombes restent là, témoins de ces combats. Les villages sont en partie démolis et les cantonnements médiocres. Je n’ai pas de chambre. Or avoir une chambre n’est pas seulement le privilège de coucher dans un lit, c’est la possibilité de s’isoler, de lire ou d’écrire. Pourtant je ne reste pas longtemps à partager avec mes poilus la grange de la ferme modèle où nous sommes cantonnés. La fille des fermiers au bout de deux ou trois jours me cède sa chambre en m’affirmant qu’elle a pu s’installer confortablement près de ses parents. Un magnifique feu de bois m’attend même dans cette chambre. La gentille attention de cette jeune fille est naturellement l’occasion de plaisanteries sans fin de la part de mes camarades.  

Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre)