14/2/1917
Maman chérie
Je suis un peu abrutti par le grand
air ce soir. J’aurais passé la soirée sans t’écrire, mais le capitaine [René Candillon] insiste
pour que je t’écrive pendant qu’il écrit à sa femme. Il couche aussi à la ferme
nous sommes à la popote et nous redescendrons ensemble. Ce soir j’ai eu une
bonne fin de journée. Je savais que un des lycéens de la Fédération était ds un
village voisin, dans un bataillon d’instruction de la classe 17. J’ai pu
m’arrêter ds ce village au retour de l’exercice, j’ai trouvé Chazel (c’est le
nom du type en question). Nous avons été bien contents de nous retrouver et
nous nous sommes promis de recommencer. Il m’a raccompagné un bon morceau de
route au coucher du soleil. Il souffre de l’isolement, de la vie très terne
d’instruction. Nous nous sommes donné rendez-vous pour Dimanche.
Au retour j’ai trouvé ta bonne
lettre du 10. Bien heureux que le ciel du Midi soit plus clement Ici aussi le
degel commence. J’espère bien voir Hervé [Leenhardt] un de ces jours puisqu’il
est sur le point de revenir à la 56e D.
Reçu par le même courrier une bonne
lettre de [Daniel] Loux qui a un mètre de neige et une température de – 25 sur
ses montagnes
Je te quitte pour aller me coucher.
Tendrement à toi
J Médard