samedi 18 février 2017

Barcy, 18 février 1917 – Jean à sa mère

18/2/1917
            Maman chérie 

Source : collections BDIC
            Mon anniversaire s’est placidement passé dans mon petit village. Avant-hier j’ai eu la deception de savoir que Chazel quittait le voisinage. Il m’a écrit une lettre exquise pour me dire son regret. Et ma foi je le regretterais aussi. Hier matin, les hommes ayant douche, j’avais ma matinée à moi. Je suis monté à cheval, et suis parti à la recherche de Hervé [Leenhardt][1], que j’ai trouvé facilement. C’est lui qui m’a appris la mort d’Auguste Lichtenstein[2]. Nous nous sommes donné rendez-vous pour aujourd’hui ici. Mais aujourd’hui, je l’ai attendu en vain. Je ne sais pas ce qui l’a retenu.
            L’après-midi a été absorbé par une fête sportive du regiment. Pour la partie de foot-ball la 5e a été à l’honneur.
C'est Jean, en légendant sa photo sur le verso, qui indique "1917 ou 1918". Mais les lettres de 1918 où il mentionne des parties de
foot ont toutes été écrites au printemps ou en été, j'ai donc choisi de placer cette photo ici, les arbres dénudés indiquant une photo
prise en hiver. 
            Il est tard. Je te quitte parceque je veux que ce mot t’arrive aujourd’hui.
Tendrement à toi
 
Jean

[1] Hervé Leenhardt (1894-1968) et Jean étaient cousins issus de germains (la grand-mère maternelle de Jean, Caroline Leenhardt ép. Benoît étant la sœur de Jules Leenhardt, le grand-père paternel d’Hervé). Hervé et Jean se verront fréquemment jusqu’à la fin de la guerre, tous deux étant dans la même division, et servant même ensemble à l’état-major pendant quelques mois.
[2] Frère de Jean Lichtenstein, un ami de Jean. Il ne figure pas sur les fiches de Mémoire des hommes. Peut-être, comme son frère, était-il tuberculeux.