dimanche 11 novembre 2018

11 novembre 1918 – La postière de Ville-sur-Illon

Le 11 Novembre nous cantonnons à Ville-sur-Illon. La nouvelle de l’armistice est dans l’air. Je m’impatiente dans le bureau de poste du village parce que le téléphone fonctionne mal.

Ville-sur-Illon, le bureau de poste
Merci à Colette Thivet, qui m'a communiqué cette carte postale.

A 11 heures pourtant nous entendons sonner les cloches des villages voisins et la nouvelle nous est aussitôt confirmée par téléphone. La postière s’est mise à pleurer. Elle a perdu son fils quelques semaines plus tôt. Nous n’osons pas donner cours à notre joie.

L’après-midi la liesse est générale. Ville-sur-Illon possède une brasserie et le brasseur fait couler la bière à flots. Il y a du vent dans les voiles.

Source : JMO du 132ème RI - 11 novembre 1918
Le JMO, quant à lui, fait dans la sobriété...

Quand le général Demetz, notre divisionnaire, arrive pour nous visiter, les officiers se demandent comment va tourner cette excitation. Il est acclamé. Tout est pour le mieux.

Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre )



La postière de Ville-sur-Illon

        En novembre 1918, la receveuse des postes de Ville-sur-Illon s’appelait Marie Louise LOUIS.
        Née Marie Louise CAVAILLET à Bourges (Cher) en 1864, elle avait en premières noces épousé Paul Marie Charles HENRY. Le couple vivait à Passavant-la-Rochère (Haute-Saône), où monsieur HENRY était receveur des postes. De leur union est née le 19 mai 1897 une fille, Marguerite Camille.
         Devenue veuve en 1902, Marie Louise s’était remariée avec Léon Marie LOUIS, qui décéda à Ville-sur-Illon le 2 mars 1913.   
         Après ce second veuvage, Marie Louise continua à résider à Ville-sur-Illon, avec sa fille. Et cette dernière y épousa, le 11 février 1918, Alcide Marcelin HENRY. (HENRY était donc à la fois son nom de jeune fille et son nom d’épouse.)


Source : Mémoire des hommes
      Sous-lieutenant au 264ème régiment d’infanterie, Alcide HENRY est mort pour la France, le 18 octobre 1918.

      Ni l’état-civil, ni les registres du recensement de Ville-sur-Illon ne mentionnent l’existence d’un fils de Marie Louise, que ce soit de son premier ou de son second mari. C’est donc plus vraisemblablement son gendre que son fils qu’elle pleurait en ce jour de l’armistice.

      Marie Louise LOUIS est morte à Ville-sur-Illon le 29 juin 1922.    
 

      Avec mes très vifs remerciements à l’historienne Colette THIVET, qui a effectué toutes les recherches concernant Marie Louise LOUIS et sa famille, et qui m’a envoyé un texte récapitulatif dont j’ai repris ci-dessus de larges extraits, ainsi que la carte postale ancienne illustrant ce billet.
  
 (HF, octobre 2018)