Villa
de Suède le 17 Xbre 1916
Quel calme Dimanche mon bien
aimé ! Hugo est descendu sur les quais et ns sommes là, Suzie, Mr
Corteel, bebé et moi presque sans parler. Que nous dirions nous qui ne fut trop
triste ! Mr Corteel l’est profondément, il perd son dernier
espoir de voir sa chère femme au nombre des évacués de Lille. Une amie plus
heureuse lui écrit que les noms sont sortis au sort et que son nom a elle n’a
pas été de ceux là. Il est navrant.
Ns lisons un peu. Je travaille avec
ardeur à un passe montagne ayant appris bien tard que mon filleul n’en avait
pas, si je l’avais su, je lui aurai envoyé le tien et je t’en aurais fait un
plus confortable.
Arrive à l’instant ta lettre du
12 ; je pense que tu t’es trompé et qu’elle est du 13, car j’en ai eu hier
une du 12. Te voilà encore dans ces barraquements où tu n’as pas un lit, je
pense ? mais c’est le repos, c’est bon tout de même et j’en suis plus
heureuse que toi.
Comme il me tarde de savoir si c’est le vrai repos si
vous ne remontez pas ou si vs n’allez pas où ça chauffe le plus en ce moment.
Ns avons fêté à midi les 22 ans de Suzie. Je lui ai
donné un joli sac à main dont elle avait besoin. Son mari de l’argent. Elle a
profité de sa belle humeur pr se faire rendre ou lui enlever plutôt dans son
portefeuille une somme qu’elle avait reçu pr son mariage de différents côtés et
qu’ayant eu en depot il ne voulait plus rendre ou croyait avoir rendu. Bébé a
donné ses caresses qu’elle ne marchande pas.
Je me réjouis bcoup de l’arrivée au régiment du
capitaine Candillon. J’espère que ce pourra être pr toi un ami. Ce qui
m’ennuyait dans ton retour à la 5ème c’est ton contact journalier
avec G. et contact forcé. Il sra tjours le même mais tu pourras voir bcoup le
capitaine, j’espère que vos grades ne vs sépareront pas trop.
Ta citation, je veux la connaître. Es-tu têtu ?
Parle moi un peu longuement de ta vie au repos. Tu
sais combien tous les détails m’interessent.
Je ne veux pas parler de la Noël, il n y en aura pas
pour moi. Mr Corteel s en va voir son cousin, je lui donne vite ces
lignes et te quitte donc en t’embrassant avec ma tendresse immense.
Ta mère