jeudi 1 décembre 2016

Front de Somme, 1 décembre 1916 – Jean à sa mère


1r/12/16
            Maman cherie,
            Je ne comprends pas comment tu as pu rester sans nouvelles de moi du 18 au 22, je t’ai certainement ecrit entre ces deux dates. Il faut t’habituer à rester parfois q. jours sans nouvelles ; elles seront necessairement moins regulières tant que nous serons en ligne.
            Hier nous avons fait pas mal de chemin en avant, mais nous sommes toujours en reserve dans un sejour relativement calme et supportable.
            Cette nuit je suis allé presider au ravitaillement du bataillon. Chemin boueux ds la nuit, longue theorie d’hommes portant des bouteillons, des bidons, du pain et des sacs à travers la brume froide, chutes ds les trous d’obus, jurons etouffés, etc, etc.
            Je viens de recevoir ton mot du 26. En même temps, quelques lignes aimables de Julien Lira, et avec beaucoup de retard, une carte de [Daniel] Loux repondant à une proposition que je lui avais faite de venir me voir à Cette pendant ma permission.
            Je lui demandais même, si l’argent  lui manquait, qu’il accepte que je lui paye mon voyage avec une solde d’officier. Il a l’air d’accepter cette proposition avec simplicité et enthousiasme.
            Mais hélas ! comme c’est long à venir cette permission. La promesse du général est ds le lac.
            Tous les jours reviennent des officiers legerement blessés qui prennent rang avant moi parmi les permissionnaires. Enfin.
            Patience et confiance.
Ma grande tendresse toujours.

Jean