1r/12/16
Maman cherie,
Je ne comprends pas comment tu as pu
rester sans nouvelles de moi du 18 au 22, je t’ai certainement ecrit entre ces
deux dates. Il faut t’habituer à rester parfois q. jours sans nouvelles ;
elles seront necessairement moins regulières tant que nous serons en ligne.
Hier nous avons fait pas mal de
chemin en avant, mais nous sommes toujours en reserve dans un sejour
relativement calme et supportable.
Cette nuit je suis allé presider au
ravitaillement du bataillon. Chemin boueux ds la nuit, longue theorie d’hommes
portant des bouteillons, des bidons, du pain et des sacs à travers la brume
froide, chutes ds les trous d’obus, jurons etouffés, etc, etc.
Je viens de recevoir ton mot du 26.
En même temps, quelques lignes aimables de Julien Lira, et avec beaucoup de
retard, une carte de [Daniel] Loux repondant à une proposition que je lui avais faite de
venir me voir à Cette pendant ma permission.
Je lui demandais même, si
l’argent lui manquait, qu’il accepte que
je lui paye mon voyage avec une solde d’officier. Il a l’air d’accepter cette
proposition avec simplicité et enthousiasme.
Mais hélas ! comme c’est long à
venir cette permission. La promesse du général est ds le lac.
Tous les jours reviennent des
officiers legerement blessés qui prennent rang avant moi parmi les
permissionnaires. Enfin.
Patience et confiance.
Ma grande tendresse toujours.
Jean