Cette
le 17 Décembre 1916
Mon bien aimé Jean
J’ai eu ce matin ta carte du 15 et
au moment où je la lisais tu étais loin bien bien loin de là.
Tu as de nouveau passé des nuits à
grelotter et il faut que je me dise que tout cela n’est encore rien !
Mon Dieu, mon Dieu que de courage il
faut a une maman mon chéri : quelle souffrance nous est demandée. Comment
aller jusqu au bout de tout cela ! et ce n’est pas t en donner beaucoup à
toi, du courage, à toi qui en a tant besoin que de gémir ainsi !
Je voudrais te distraire en te
racontant de l interessant. Ce sera désormais difficile. Je ne sors pas et ne
veux pas sortir. C’est plus facile de vivre entre mes deux filles chéries.
Hugo est arrivé de Paris un peu las
de ces deux nuits successives en chemin de fer. Il m’a trouvée installée ici à
peu près. Je n’y ai fait aucune allusion, lui non plus mais il a trouvé je
crois la chose la plus naturelle du monde. Il est très bon et affectueux.
Na a toujours une petite figure de
fouine mais elle va très bien et a retrouvé tout son entrain. La nounou est
parfaite et voilà tout ici est calme, calme oh ! combien calme à côté de
ta vie que je voudrais partager.
Je viens d’aller à la maison au
déclin du jour pour chercher une chose nécessaire à Suzie et j’ai longuement
regardé cette étoile brillante que ns avons admirée un soir en remontant tous
deux. Il me semblait que tu la regardais aussi et que nous étions plus près l
un de l autre. Nous sommes aussi près que peut le permettre cette horrible
separation n’est-ce pas ? et tu sens bien que ta maman qui t’aime si
profondement ne te quitte pas un instant du jour pas un instant.
Il faut un vent terrible mais pas
très froid ; il pleuvait à Paris.
Demande moi vite tout le nécessaire.
Veux-tu un plastron chaud ?
Je t’écris dans la véranda un beau
clair de lune m’éclaire cette lune que tu vois aussi.
Je t envoie à travers l’espace toute
mon infinie tendresse.
Ta mère affectionnée
Math P Médard