dimanche 14 octobre 2018

Sète, 14 octobre 1918 – Mathilde à son fils

Cette le 14/X 1918

Mon chéri

Excuse moi de te négliger un peu. Je ne t’écris guère qu’un jour rien l’autre mais nous sommes vraiment surmenés, sans Émilie [la jeune bonne].

Suzie fait ses préparatifs de départ car Axel a tranché les indécisions en télégraphiant à ta tante [Fanny] de ne pas arriver, plutôt de s’apprêter à recevoir ses neveux. Si [mot illisible] ils sont prêts, le départ sera pr demain 5 heures.

Ns avons eu hier ta tante Anna ses filles et sa cousine à prendre le thé malgré le pétrin. Elles ont parlé à Hugo avec enthousiasme de leur Docteur Villeneuve en demi dieu et l’ont presque décidé à aller à Paris le consulter. Je ne sais encore ce qu’il fera mais je te tiendrai au courant.

Me voici bien seulette à l’heure où tu auras ces lignes, surtout après les beaux jours que je viens de vivre. Je serai tjours plus en pensée avec toi.

Combien il me tarde d’avoir des nouvelles de ton arrivée là-bas !

Hugo est de nouveau fort déprimé, triste, affaissé. J’espère que ce voyage aidera à le remettre. L’Etat sanitaire est tjours des plus mauvais. Les décès se succèdent et atteignent surtout les jeunes. Malgré tout les bonnes nouvelles au front donnent force et courage.

Si seulement tout se terminait sans de nouveaux et durs sacrifices. Etes-vous sur la brèche ? Je ne vis pas.

Je te presse sur mon cœur.

Ta vieille maman

Hugo m’amuse en parlant de toi de tes opinions qu’il met en avant à tout propos. Je l’entendais l’autre soir dire à oncle Axel [Busck] Jean qui n’est pas un imbecile, vs le savez pense ceci et cela. Jean a assuré etc, etc. Jean qui est quelqu’un de réfléchi. Je ne disais rien et j’écoutais avec complaisance et n’en pensais pas moins.