jeudi 11 octobre 2018

Sète, 11 octobre 1918 – Mathilde à son fils

Cette le 11/10/1918

Mon Jeanot chéri

Merci d’avoir tenu ta promesse. J’ai bien reçu ton mot de Paris et suis bien heureuse que tu aies pu faire le trajet dans de bonnes conditions. Heureuse aussi que tu aies été entouré d’amis mais hélas quel douloureux revoir ! j’espère que tu me donneras des détails sur votre rencontre avec Mme Grauss comment supporte-t-elle cette terrible épreuve ? Que va-t-elle faire. Pourra-t-elle s’occuper de la Fédération ?

Suzon est allée à Montpellier Mercredi. Elle compte te raconter elle-même la partie de son voyage qui peut l’interesser mais elle est si occupée que je ne sais quand elle pourra le faire.

Leur départ est fixé à Mardi prochain. Elle a des tas de choses à terminer avant et moi j’ai déjà pris ma charge complète. Tu sais ce qu’elle est absorbante.

Ta sœur a rencontré Mme H. [Herrmann] sortant de chez elle. Celle-ci a tout de suite parlé la première du sujet qui ns interesse. Heureuse a-t-elle dit d’avoir pu vous rapprocher, elle le fera tant que cela lui sera possible jusqu’à ce qu’elle puisse parler à Alice (puisque a-t-elle dit ton frère veut attendre – mais lui a dit Suzie vs savez pourquoi il veut attendre ? – Mais oui, et ns en sommes fort touchés – Alice peut ne se douter de rien, Jean ayant été de tous temps un cher ami d’enfance que ns recevons tjours avec plaisir.

Avec mon mari ns avons bien ri cet été – On a demandé à Alice chez mon frère [Jacques Germain-Robin, à Cognac] d’être Marraine de leur enfant avec comme parrain un fils V.1, un garçon très distingué, professeur licencié etc etc. ns avons compris les intentions mais vu la santé ns ne tenons nullement à cette union. Au moment où ils devaient se rencontrer il a été envoyé en mission en Suède. C’est un bon atout pour Jean Médard avons nous dit avec Mr H [Herrmann], car Alice sera absolument libre, et ns n’exercerons aucune pression. Si j’avais une petite perruche de fille, je lui dirais je veux ceci ou cela mais mieux que moi-même elle est capable de décider pour elle.

Ns avions peur a dit S. [Suzanne] que la situation matérielle vous arrête et ns sommes reconnaissants que ce ne soit pas. – Evidemment ce ne sera pas la richesse pour A [Alice] a-t-elle repondu mais nous estimons et aimons ton frère etc etc. Mais toujours il n’y a rien de fait tant qu’A. [Alice] ne sait rien. Voilà je crois assez exactement ce qui a été dit. Suzie te narrera bien mieux. [Mot illisible] que ta mère ne fasse aucune allusion etc. Je me demande si je dois rester aussi ignorante ou si je dois essayer de la voir et de lui parler avant son départ de Montpellier. Dis-moi ce que tu en penses.

Hier notre vieille A. [Alice, la vieille bonne de la famille Médard] m’a donné envie de rire en me racontant sa rencontre avec la bonne de Melle H. [Emma Herrmann, une vieille cousine du père d’Alice, qui demeurait à Sète]. Il parait que faisant ton éloge, un éloge insensé [?] elle a dit « Comme ce serait assorti avec Melle A. [Alice Herrmann]. Celui là aussi est unique. Comme Melle H. [Emma Herrmann] serait heureuse si ça pouvait se faire. Ils sont faits l’un pour l’autre. Tu vois donc que c’est le sentiment général.

Et maintenant on te cherche actuellement. Etes-vous à la poursuite. La belle avance. Déjà il y a un chemin franchi depuis tes derniers coups de crayon à la carte. Si cela pouvait aller vite vite. L’Etat sanitaire tjours mauvais mais ici il est mieux à peine entière [?] tante Anna très absorbée par sa cousine.

Je t’embrasse avec mon infinie tendresse.

Ta mère
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1 Patronyme anonymisé par l’auteur du blog.