mercredi 15 août 2018

Environs de L'Echelle-Saint-Aurin, 15 août 1918 – Jean à sa sœur Suzanne Ekelund

15-8-18

Ma chérie

Je ne jouis pas du calme que je voudrais pour répondre à ta bonne dernière lettre. Tu dois me trouver bien impatient et bien peu raisonnable. Il est très possible que ds la circonstance mon cœur n’aie pas exactement les mêmes desirs que ma conscience. Je desire reellement que rien ne soit fait avant la fin de la guerre, mais je voudrai que mes permissions preparent l’avenir, et la permission me fait presque peur. Je voudrais pouvoir voir Alice sinon en fiancée du moins en amie, et en toute liberté. Pardonne-moi d’être si gosse, je m’en remet à toi, et je sais que tu feras bien les choses.

Nous sommes toujours immobilisés et esperons que ce ne sera pas pour longtemps.

Pour le moment ce n’est pas dur du tout, pour nous du moins, qui n’avons à souffrir que de l’artillerie. Cette nuit pourtant il a fallu dormir quelques heures avec le masque. Notre canard fétiche « Philippe » n’est pas du tout impressionné ; il mange toutes les saletés qu’il trouve et se vautre dans toutes les mares..

Affectueusement à vous, mes bien aimées.
Jean