dimanche 8 juillet 2018

Einville, 8 juillet 1918 – Jean à sa mère

8/7/18

Ma chère Maman

Je t’avais écris avant-hier une lettre que j’ai perdu. Je l’avais arrêtée pour te donner une nouvelle que tu attendais depuis longtemps : le depart de Le Gall. Il est à côté de moi en train d’annoncer à sa mère son depart pour l’aviation, tandis que j’annonce à la mienne mon changement d’affectation.

J’aime certainement beaucoup plus le travail de Cie, mais je sais que tu n’entends pas de cette oreille et d’autre part tant que j’aurais été dans une Cie j’aurais été constamment detaché à l’I.D., ce qui ne me convient pas du tout.

Le demarage a été assez dur. Le colonel Hamelin ne faisait aucune difficulté, mais certain officier d’E.M. aurait trouvé tout naturel que je reste là, pour ne pas troubler son tour de service. L’acceuil au 132 a été tout à fait chaleureux.

Le Gall part demain, mais j’ai pris le service aujourd’hui même.

La joie de quitter l’I.D. est contrebalancée par la peine de lacher definitivement le 2me Baton ; mais je suis heureux d’avoir enfin un poste fixe.

Il me tarde de savoir que vous avez choisi une villégiature pour cet été. Il me tarde aussi beaucoup… mais c’est une autre histoire1.

Hier j’ai pris un bon bain dans la rivière ; j’ai d’ailleurs la ferme intention de récidiver.

Tendresses
Jean

Excellente lettre de S. [Suzanne] de Dietrich.

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1 Jean attend toujours avec impatience que sa sœur ait pu rendre visite aux Herrmann pour les informer de son intention de demander Alice en mariage dès que la guerre sera terminée. Il craint qu’un autre prétendant ne prenne les devants.