dimanche 11 septembre 2016

Vers le front de Somme, étape à Gaudechart, 11 septembre 1916 – Jean à sa mère

10-9-16
[Erreur de date, puisque dans sa lettre, Jean écrit « Hier c’était le culte ». Et que le dimanche tombait le 10 septembre.] 

            Maman cherie, 

            Ma vie continue à être remplie par la presence de [Albert] Léo. Avant-hier soir je suis encore allé diner dans son village, sur l’herbe, comme la 1ère fois et le soir nous avons bavardé longtemps de tout et de tous.
            Hier c’était le culte. Henri Monnier devait le presider. On l’a attendu très longtemps, il ne venait pas. Son cheval à moitié chemin avait pris le parti de revenir à l’écurie et impossible de lui resister. Léo l’a remplacé très heureusement : « Je vous donne la paix, ma paix, etc. » Infiniment simple et infiniment fort. Il grandit tous les jours.
            J’avais fait prevenir les protestants du regiment et ils étaient là quelques uns. Dejeuner chez le commandant avec les Monnier car Mme était venue rejoindre son mari.
            Puis j’ai fait une longue course à cheval pour rendre service à [Henri] Monnier et prendre des renseignements sur la mort d’un officier de sa division. Je n’ai retrouvé Léo que tard, il a diné avec mes convives de tous les jours que ns avons quitté le + tôt possible et puis bavardage encore jusqu’à 10 h.
            Ça recommencera tant que les hasards de la guerre ns tiendrons l’un près de l’autre. Jusqu’à quand ?
Tendrement 

Ton fils qui est fort heureux

Jean