mercredi 28 septembre 2016

28 septembre 1916 – Front de Somme, en première ligne

 

            Le 28 nous recevons l’ordre de nous étendre à notre droite. Le régiment s’organise en formation moins dense et plus échelonnée. C’est ma section qui est désignée pour prolonger le front de la compagnie et relever la compagnie voisine.
Source : Mémoire des hommes - JMO du 132ème R.I.
1er octobre 1916
        Nous nous exécutons avec mauvaise grâce car les tranchées que nous avons à occuper sont à peine creusées. Pourtant cette décision du commandement me sauve la vie. Le soir même[1], quelques heures après mon départ, un obus est tombé dans la tranchée que je venais de quitter, il a tué le capitaine Brissaud, mon commandant de compagnie et quelques hommes dont le caporal [Emile] Roulleau qui s’était installé dans la niche où je me reposais d’ordinaire. Le capitaine Brissaud était un homme taciturne, ancien capitaine au long cours, qui avait échoué je ne sais par quel hasard dans notre régiment d’infanterie. Que n’était-il resté dans la marine au lieu de venir s’exposer à nos tempêtes de fer et de feu !
Ce qui rend pourtant cette période moins dure que Verdun, malgré le chiffre élevé des pertes, c’est l’abondance et la régularité du ravitaillement. Nous ne souffrons ni de la soif, ni de la faim.
 
Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie : La guerre)



[1] La formulation laisse penser que le capitaine Brissaud (orthographié Brissot par Jean) et le caporal Roulleau ont été tués dans la soirée du 28 septembre, ce qui est inexact : leurs fiches de Morts pour la France portent la date du 1er octobre et Jean lui-même, dans sa lettre du 3 octobre à sa mère, écrit qu’ils ont été tués « avant-hier ». Les JMO de cette période mentionnent tous les jours des ordres de mouvement, mais je ne suis pas capable de repérer lequel concorde avec les indications données par Jean dans son premier paragraphe.