dimanche 25 septembre 2016

Marseille, 25 septembre 1916 – Mathilde à son fils

Villa Svéa ce 25 7bre1916
            Mon enfant chéri 

            Par Suzie je viens d’avoir tes deux cartes du 18 et du 19 et je ne puis que dire à Notre Père mon infinie reconnaissance de te sentir si fort et si « grand » qu’il soit béni de me donner un tel fils ! J’aurais besoin de vivre à ses côtés car je ne suis pas à la hauteur. Hier, je me sentais un peu trop misérable pr t’écrire aujourd’hui. Tante Fanny va un peu mieux ; le courage s’en ressent.
            Je ne sais où te chercher ou te voir et c’est cruel mais je sais que où que tu sois Dieu y est près de toi. Lui, ton père veillent sur toi. Tu ne te sens pas seul. Ta mère ne te quitte pas un seul instant.
            Je viens de recevoir une exquise lettre de Melle [Léo] Viguier bien fortifiante aussi. Elle a eu de tes nouvelles par Henri Monnier. Comme moi elle considère le revoir avec [Albert] Léo comme un exaucement à nos prières une vraie bénédiction. Elle est toute à son labeur moi j’ai honte de moi-même et cependant, ici je me sens utile je crois. Annie [Busck épouse Houter] est à Paris. Axel [Busck] encore à Cette. Jeanne [Busck épouse Picard] fatiguée par son Hôpital. Je suis le matin seule avec ma malade.
            Tante Anna demande de tes nouvelles. Elle ne compte rentrer qu’au commencement Octobre. Elle se sent utile à sa cousine.
            Peut-être es-tu en contact avec l’ennemi aujourd’hui. Que Dieu ait pitié de moi. Mon fils je t envoie toute mon infinie tendresse. 

Ta maman 

            Et la pluie ! tu n’as pas de manteau ! N es tu pas trop mouillé.
            Dis moi dès que tu  recevras ton caoutchouc je me grille.