mercredi 28 septembre 2016

Front de Somme, en première ligne, 28 septembre 1916 – Jean à sa mère

28-9-16
            Maman cherie, 

 

           Je t’ecris de ma tranchée. C’est te dire que la vie y est infiniment moins dure que dans le secteur de Verdun.
            Ici ns n’avons participé à aucune action offensive, bien que nous soyons au milieu de la melée. Nous avons été 2 jours en reserve, aujourd’hui ns commençons notre 1ère journée de 1ère ligne. Le ravitaillement est possible. Nous ne souffrons plus ni de la faim ni de la soif. Tes paquets cette fois, me sont arrivés juste avant de monter et ils m’ont été extremement precieux. Tout, sans exeption, me sert.
Source : Mémorial GenWeb
          
Malheureusement ce n’est pas sans dommage que l’on occupe un secteur glorieux. J’ai perdu quelques uns de mes plus chers poilus et surtout un veritable ami, mon meilleur au 132e, [Edouard] Gétaz. Il a été tué hier par un obus.
 
 
            Tout ça m’assombrit un peu naturellement mais j’ai assez de raisons pour ne pas me laisser aller au chagrin et au decouragement.
            Hier nous avons essuyé une tentative d’attaque boche. C’est là que le poilu se révèle, lui qui est souvent si terne au cantonnement. Ils se sont montrés hier magnifiques d’enthousiasme et de resolution farouche : de vrais guerriers, oubliant leur vie pour ne plus voir que la partie à gagner.
            Si tu es encore à Marseille, et si tu crois devoir le faire avertis la mère de Gétaz, ou fais la avertir. Son fils était un beau type d’humanité, un vrai brave. Dès que je le pourrais je lui donnerai moi-même des details. Bon courage maman chérie ; attachons-nous à ce qui dure pour que l’epreuve nous trouve prêts et forts.
Très tendrement 

Jean 

            J’ai reçu hier de toi de Marseille tes lettres du 23 et 24.
            Tendresse à tous les Marseillais.