Ma chère Maman
Au moment même où je reçois tes compliments sur la fidelité de ma correspondance, voilà cette fidelité qui se relache. C’est la faute des changements.
Source : collections BDIC |
Hier matin nous avons passé les cols et fait nos adieux à notre belle vallée hospitalière. Nous avons trouvé une autre vallée qui n’est pas inhospitalière, mais qui n’a pas le même charme.
Il fait un temps doux et maussade. Notre colonel [Camille Biesse] nous est de plus en plus sympathique. Il est ici au sein de sa famille, logé chez une cousine, sa femme habite le village voisin.
Cette après-midi je suis allé voir arriver le 132me 1. Le colonel [Adrien] Perret qui savait que je devais rejoindre le regiment m’a dit qu’il comptait sur moi pour remplacer Le Gall. Ce dernier fait une demande pour passer dans l’aviation. Sa démarche n’est pas encore partie, elle est donc loin d’être acceptée, mais Le Gall prétend avoir beaucoup de chance d’être agréé. C’est mon meilleur camarade du 132me et son départ serait pour moi une vraie peine.
A part la peine que me causerait ce depart ces nouvelles fonctions me plairaient assez. « Officier chargé des liaisons » c’est-à-dire du téléphone, de la signalisation, de l’optique, du service des coureurs, etc. C’est un travail utile et interessant. Les equipes de telephonistes du regiment sont de très bonnes equipes, très bien dressées [?], citées à l’ordre de la Division. Je connais deja beaucoup de ces types.
Enfin je vivrai dans un milieu très agreable, la popote du colonel [Adrien] Perret, où j’ai mes meilleurs camarades, [Pierre] Péchenart, Deconinck etc – mais où je ne trouverais plus Le Gall malheureusement.
Au combat, c’est un métier moins dangereux que celui d’officier de troupe, mais on ne manque jamais d’occasions de montrer que l’on est pas un embusqué. En somme, tout en regrettant un peu la Cie, je suis très content.