Il faut pourtant dire adieu à notre
belle vallée. Le 22 Janvier 18, nous retraversons à cheval les cols des Vosges,
vers l’Ouest cette fois.
Le Colonel Biesse accède à mon désir de retrouver mon
régiment. Je le rejoins à Arpenans, près de Villersexel.
Source : collections BDIC A noter que la photo a été prise, à trois jours près, au moment où Jean Médard, lui aussi, passait le col. |
Mémoires de Jean Médard, 1970 (3ème partie, La guerre)
En contrepoint du texte de Jean,
le carnet de Madeleine Stamm, la plus
jeune fille de ses hôtes.
(Transcrits en violet : les passages où les deux
textes se font écho.)
|
||
JANVIER
21
LUNDI Ste. Agnès
Quelle journée.
C’est effrayant tout le monde qui est venu. C’est si triste ces visites
d’adieu quand on pense à tous les bons moments qu’on a passé avec eux cet été
et que maintenant c’est fini. Ce matin Chargrasse est venu nous dire au
revoir et comme Yvonne et moi nous n’y étions pas il est revenu après déjeuner
c’est bien gentil de sa part. C’est un si brave homme Chargrasse je l’aimais
bien. Recopé et Médard sont venus. Nous les avons menés aux petits coupons de
meubles et ils étaient tout à fait drôles tous les deux. Ils étaient complètement
affolés au milieu de tant de dessins, ils s’extasiaient, choisissaient. Enfin
ils étaient ravis. Aujourd’hui j’ai trouvé le petit Médard tout à fait gentil
il me plait énormément aujourd’hui il a fait ma conquête. C’est bien le
moment puisqu’il part. Ça m’en fait qu’avoir plus de regrets de les voir
partir j’en ai déjà assez.
C'est tout de même une chic division que cette 56 à tous les points de vue.
Il est venu le
petit Hervé le frère de celui qui était venu, il y a 3 ans. Il est comme son
frère tout à fait gentil c’est un petit chasseur du 69 qui a 22 ans il était
bien drôle.
Ronseray est encore
une fois ce matin venu juste dire au revoir à maman qui était dans le jardin.
Van de Wall et son
camarade Thouann sont venus. C’est une des dernières visites de ce pauvre Van
de Wall, il n’avait pas l’air en train ce soir. Je le comprends ça doit lui
faire de la peine de quitter Wesserling moi aussi ça m’en fait de les voir
partir maintenant [?]. Si on ne connaissait [?] rien [?] c’est
toujours comme ça il ne faudrait pas s’attacher aux gens mais quand ils sont
si gentils…
Nous logeons des
tas de troupes à Wesserling.
Cette 12 me [deux ou trois mots
illisibles].
Quand elle écrit ces lignes, Madeleine a 16 ans.
Elle se mariera en 1929, et aura une fille l’année suivante.
Au début des années 60, sa sœur Yvonne et elle, toutes deux devenues veuves, décident de demeurer ensemble près de Nérac (Lot-et-Garonne), dans la maison familiale héritée de leur mère Marie-Louise Stamm (née Fargue). Yvonne y meurt en 1977 et Madeleine en 1988.
En
consultant Wesserling, mémoires familiales Stamm, Binder, le site créé par Olivier
Le Roy, petit-fils d’Yvonne, on trouvera d’une part des précisions sur ses
grands-parents et ses arrière-grands-parents, et d’autre part de multiples
informations et documents, avec de magnifiques photos, sur la vie dans la
vallée de la Thur à la fin du 19ème et au début du 20ème, et bien sûr
entre 1914 et 1918.
|